Comment réagir face à l'extrême droite en Europe ?
Les partis d'extrême droite, souvent favorables à une sortie de leur pays respectif de l'UE, ont le vent en poupe dans plusieurs Etats membres. En Pologne, par exemple, le petit parti Konfederacja, jusqu'ici dernier du peloton, pourrait devenir troisième force politique du pays aux législatives prévues à l'automne. La presse continue de s'interroger sur les facteurs à l'origine de cette tendance et sur l'attitude à adopter pour y faire face.
L'extrême droite redevient fréquentable
Sur HuffPost Greece, le chroniqueur Yannis Gounaris note une tendance décomplexée à s'allier avec les ultra-conservateurs :
«La convergence droite/extrême droite en Europe est un phénomène à l'œuvre depuis plus d'une décennie. L'élection de Giorgia Meloni a accéléré la normalisation définitive de ce rapprochement. Il est certain que nous allons de plus en plus voir des partis traditionnellement situés au centre-droit de l'échiquier politique faire cause commune avec ces partis situés à droite toute qui étaient jadis ostracisés en raison de leurs positions jugées inadmissibles. Cette convergence est rendue possible par un changement cosmétique au sein des partis d'extrême droite et par une plus forte connivence entre la droite classique et les positions ultra-conservatrices.»
La gauche a laissé la voie libre aux idées rétrogrades
The Observer explique pourquoi, selon lui, les politiques réactionnaires et conservateurs dominent le débat sur l'immigration :
«Paradoxalement, l'opinion publique britannique a aujourd'hui des idées plus libérales sur l'immigration que la plupart des politiques. Or la frilosité du Labour à déconstruire les thèses réactionnaires ou à formuler une vision alternative a laissé toute latitude à la droite pour donner le ton du débat et promouvoir des mesures inadmissibles. Même sans être au pouvoir, l'extrême droite parvient à instiller ses idées dans l'opinion, y compris dans des sociétés qui se croient 'libérales'. »
La Pologne a les mêmes problèmes
La popularité croissante du nouveau parti polonais d'extrême droite Konfederacja s'inscrit dans une tendance européenne :
«Konfederacja tente de tirer parti du mécontentement croissant lié à l'économie. Il ne s'agit pas d'une spécificité polonaise. De façon cynique, on pourrait même y voir une forme de progrès : notre société diverge de moins en moins des sociétés occidentales, et elle rencontre les mêmes problèmes qu'elles. En guise de réponse, des partis politiques similaires s'y développent. ... C'est un maigre réconfort, car cela montre seulement que l'Europe nécessite d'urgence de nouvelles solutions systémiques : en matière d'immigration, de répartition de la richesse, de rôle de l'Etat, d'Etat-providence et de marché du travail.»
Cesser de banaliser l'extrême droite
Pour Le Temps, la responsabilité des partis centristes est engagée :
«C'est précisément dans la banalisation de l'extrême droite que réside le danger. … Du côté des partis modérés, la responsabilité leur incombe de traiter franchement les sujets qui préoccupent les électeurs s'ils veulent éviter des percées historiques de la droite radicale. Quand on sait que cette dernière prospère déjà dans des conditions économiques favorables, on peut imaginer la difficulté d'en limiter l'ascension le jour où une grave crise économique sévira.»
Des revendications à entendre
L'Europe ferait bien d'écouter les voix conservatrices pour contrer l'extrême droite, fait valoir Sega :
«Il existe en Europe de puissants partis eurosceptiques, conservateurs et nationalistes, au pouvoir ou participant au gouvernement dans de nombreux pays. Ils exècrent le libéralisme, ils sont vent debout contre le fédéralisme européen, mais ce sont des Européens et des démocrates convaincus. L'UE ferait mieux de les écouter plutôt que de leur faire la guerre. Dans le cas contraire, l'UE risque d'occulter un phénomène bien plus grave : l'extrême droite, qui prolifère comme de la mauvaise herbe.»