Pour Donald Trump, l'inculpation de trop ?
L'ex-président américain Donald Trump a été inculpé pour la quatrième fois en moins de six mois. Il est cette fois-ci accusé par l'Etat fédéral de Géorgie d'avoir tenté d'infléchir les résultats de la présidentielle de 2020 en sa faveur. S'il était condamné pour le chef d'accusation de criminalité en bande organisée, Trump encourrait au moins cinq ans de prison. Pour la presse, le procès à venir diverge des autres affaires sur plusieurs points.
Un coup de pouce inopiné
Cette quatrième inculpation devrait elle aussi faire le jeu de Trump, redoute The Irish Times :
«Elle pourrait lui offrir l'investiture républicaine, chacune des inculpations précédentes lui ayant permis, en effet, d'accroître son avance sur ses rivaux. Le narratif républicain consiste à fustiger une 'persécution' et une 'chasse aux sorcières' intentées contre l'ex-président. Dans sa campagne, Trump ne cesse de répéter qu'il est le seul à pouvoir s'ériger entre les électeurs et un 'Etat profond' qui chercherait à avoir sa peau, mais aussi la leur. Selon les récents sondages, plus de la moitié des républicains sont persuadés que les enquêtes constituent aussi une attaque à leur encontre.»
Difficile cette fois de se mettre en scène
Frankfurter Rundschau explique en quoi, selon lui, le procès intenté à Trump en Géorgie risque d'être le plus périlleux pour l'ex-président :
«Dans cet Etat conservateur, de nombreux témoins à charge, à l'instar du ministre de l'Intérieur Brad Raffensperger, sont républicains - ce qui accroît la crédibilité des accusations. Une condamnation pourrait valoir à Trump une peine minimale de cinq ans. Il ne pourra pas exiger le remplacement de la procureure en charge, ni s'accorder une grâce présidentielle en cas de victoire électorale. Par ailleurs, et cela constitue peut-être la différence la plus notable avec les affaires précédentes, le procès sera public. Il y aura donc des images télévisées. Pour la première fois, Trump ne pourra pas se mettre en scène en triomphateur : il sera exposé au grand public sur le banc des accusés, montré pour ce qu'il est : un margoulin de la politique et un infâme criminel.»
Condamné, Trump serait en difficulté
Une condamnation de Donald Trump dans les prochains mois le mettrait hors-jeu politiquement, assure le journaliste Oleg Pavliouk dans Ukraïnska Pravda :
«La procureure a indiqué qu'elle espérait un procès dans les six mois, c'est-à-dire avant la présidentielle de 2024. Pour ce qui est de l'affaire des documents confidentiels, les négociations devraient également avoir lieu avant le scrutin. Et comme la plupart des républicains ne devraient pas soutenir la candidature de Trump si celui-ci était placé en détention, l'issue des primaires du parti est loin d'être courue d'avance.»
Saluer les démocraties qui résistent
Pravda ne mâche pas ses mots :
«Ceux qui ont eu l'occasion d'observer les écarts de conduite de Trump pendant son mandat ne sont certainement pas très surpris de constater qu'il serait capable de tels actes odieux. Les politiques comme Trump sont un fléau, une gangrène pour la démocratie, les ennemis d'une société libre et ouverte. ... Et il est toujours salutaire pour une démocratie de résister. Mais plus tragique encore est le fait qu'il bénéficie toujours d'un grand soutien et qu'il se porte candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle. Ici encore, on voit que la démocratie américaine, souvent érigée en modèle, présente des failles systémiques. Il ne nous reste plus qu'à observer les Américains et à espérer qu'ils corrigent très vite cette 'faille du système'.»