Portugal : l'extrême droite en plein essor
Le parti d'extrême droite Chega a tenu son congrès ce week-end pour préparer la prochaine campagne électorale au Portugal. Les sondages lui prêtent 15 pour cent des intentions de vote pour les législatives anticipées du 10 mars. Les médias du pays analysent les raisons et les possibles conséquences de cette popularité croissante.
Un parti protestataire avant tout
Les partis traditionnels ne comprennent visiblement pas ce dont les gens ont besoin, juge Público dans son éditorial :
«Chaque fois qu'un politique s'éloigne des électeurs (ou plutôt faudrait-il parler de non-électeurs ?), se coupe de la réalité existant hors de sa propre bulle, estime que les rapports qu'on lui remet suffisent pour prendre des décisions, un électeur s'abstient ou jette son dévolu sur un parti protestataire. Quand bien même Chega aimerait s'affranchir de cette étiquette, il reste ce qu'il est : un parti qui agrège des électeurs de différentes sensibilités, mécontents, qui ont la sensation d'être invisibles aux yeux des autres partis.»
Les citoyens se laissent berner
La population ne se rend pas compte qu'elle se tire une balle dans le pied en votant Chega, déplore le journaliste Daniel Oliveira dans Expresso :
«Le renforcement de partis comme Chega, dont le véritable agenda électoral - le premier programme présenté par Chega, rapidement éclipsé, ressemble à celui de Milei en Argentine - est plus libéral que celui d'Iniciativa Liberal (IL), génère une impasse politique. Or ceux qui en paient le prix ne sont autres que les citoyen moyens. Si ces derniers abandonnent la démocratie et leurs revendications aux mains de ceux qu'ils élisent, il ne s'agirait pas d'une remise en cause du 'système', si l'on entend, sous ce terme, 'les dirigeants'. Ce sont les gens qui en pâtissent. Car les seuls qui ont véritablement besoin de démocratie, ce sont ceux qui n'ont pas d'autre pouvoir que leur voix.»
Prioriser la lutte contre la corruption
Correio da Manhã appelle les partis à s'intéresser plus sérieusement au manque d'intégrité :
«Outre le fait que le congrès de Chega regorge de propositions irréalisables, une question importante subsiste. Dans un pays confronté à des problèmes majeurs en matière d'intégrité, comptant un nombre élevé de cas de corruption ; un pays dans lequel les partis historiques ne sont cohérents ni dans leur discours ni dans leur approche de la lutte anticorruption ; un pays dans lequel les directions du PS [social-démocrate] et du PSD [libéral-conservateur] se désintéressent de la question ; dans ce pays, on prend le risque que André Ventura [le chef de file de Chega] monopolise le débat relatif à la lutte anti-corruption. ... Une situation dont sont responsables aussi bien la droite que la gauche.»