Hongrie : un scandale qui continue de faire des vagues
Après la démission de la présidente, Katalin Novák, et la décision de l'ex-ministre de la Justice, Judit Varga, de renoncer à se présenter aux européennes, l'affaire de la grâce présidentielle accordée dans une affaire de pédophilie continue d'ébranler la Hongrie. L'ex-époux de Varga, Péter Magyar, a fustigé la corruption du "système Orbán" et démissionné de ses postes à responsabilité dans plusieurs entreprises. Les éditorialistes montent au créneau.
Obtenir la vérité
L'affaire n'est pas close, juge Rita Antoni, de l'organisation féministe mE.ON-t, sur le portail 24.hu :
«Katalin Novák et Judit Varga ont encore la possibilité de ne pas entrer dans les annales comme les amies de complices de pédophiles, et de sauvegarder ce qu'il reste de leur honneur. De quelle manière ? C'est tout simple : en prenant la parole ! Dites-nous ce qui s'est passé exactement, qui vous a 'proposé' d'accorder ou de signer cette grâce présidentielle, et de quelle façon. Si vous tombez, pourquoi ne pas entraîner avec vous tous les responsables ? En procédant ainsi, vous 'compenseriez' quelque peu votre complicité et rendriez un dernier service à votre pays.»
Aucune réforme n'est possible en interne
Le service roumain de Deutsche Welle revient sur les allégations de Péter Magyar, l'ex-mari de Judit Varga :
«La plupart des accusations de Magyar ne sont ni nouvelles ni totalement inconnues. La seule nouveauté, c'est qu'elles sont proférées par un individu issu du système, qui affirme critiquer en interne la situation hongroise depuis des années et ne plus pouvoir se taire aujourd'hui. ... Difficile de croire que les sorties de Magyar puissent réellement menacer le régime Orbán. Le Premier ministre effectuera probablement un remaniement pour améliorer la situation. Mais les propos de Magyar montrent autre chose, à savoir que le système Orbán dévore parfois ses propres enfants - et que ce système ne peut être réformé depuis l'intérieur.»
En plein coeur
Dans le quotidien pro-Fidesz Magyar Nemzet, le journaliste Zsolt Bayer rend hommage aux deux politiques :
«Katalin Novák et Judit Varga on fait une erreur. Peut-être n'ont-elles pas été assez prudentes, peut-être ont-elles été induites en erreur - dans ce cas de figure, j'espère que le principal coupable sera en cavale pour le restant de ses jours. ... Mais cela s'avère secondaire pour l'instant - et seulement pour l'instant ! Ce qui compte, c'est que Katalin Novák et Judit Varga aient fait ce qu'elles jugeaient juste. Elles ont fait ce qu'elles devaient faire en leur âme et conscience. Elles ont compris que cette affaire avait frappé notre communauté politique en plein cœur, et que la seule issue était d'expurger le poison.»
Des failles dans la majorité
Cette affaire met à jour de graves conflits, juge Magyar Hang :
«Le pouvoir cherche à tout prix à limiter les dégâts, et il aura tôt fait de tourner la page de Katalin Novák et Judit Varga. ... Il semblerait que les dirigeants aient davantage de problèmes à régler que ce qu'ils pensaient au départ. ... Il est indéniable que les querelles intestines et les affrontements personnels sont en train de saper la majorité Fidesz de l'intérieur. [L'ex-mari de Varga] Péter Magyar, qui fait du forcing pour amener un changement dans le pays, a lancé une attaque frontale contre Antal Rogán, le ministre de cabinet d'Orbán, qui se montre peu, et qui contrôle la communication gouvernementale et les services secrets. ... L'offensive cible le cœur de la politique Fidesz, cette forte concentration de pouvoirs et de patrimoines.»