OTAN : 25 ans d'élargissement à l'Est
Le 12 mars 1999, la République tchèque, la Pologne et la Hongrie rejoignaient l'OTAN. En cette date anniversaire, l'ancien président des Etats-Unis Bill Clinton a déclaré rétrospectivement que cette décision audacieuse s'avère avoir été un bon investissement dans l'avenir. La presse a pleinement conscience de l'importance de cette décision.
L'OTAN a retrouvé sa force de dissuasion
Novinky.cz fait le commentaire suivant :
«La Russie ne se lasse pas de répéter que l'Occident l'a trompée : celui-ci n'aurait pas tenu sa promesse de ne pas élargir l'OTAN à l'Est. Mais le président russe, Vladimir Poutine, a lui même reconnu qu'aucun engagement écrit en ce sens n'existait. ... Aujourd'hui, nous pouvons nous féliciter que l'OTAN ait su sortir de son 'état de mort cérébrale' évoqué par le président français Emmanuel Macron, et qu'elle ait restauré sa capacité à agir et à mener à bien sa mission actuelle : la dissuasion face à la Russie. Bien sûr, il serait souhaitable que l'OTAN soit superflue, mais dans la situation actuelle, c'est une très bonne chose qu'elle soit là.»
Heureusement qu'il y a l'OTAN
L'élargissement de l'OTAN à l'Est a été un garant de liberté et de démocratie pour les PECO, souligne Gazeta Wyborcza :
«Si l'appartenance de la Hongrie à l'OTAN n'a pas su arrêter la montée de l'autoritarisme ni empêché la croissance de l'influence russe dans ce pays, c'est toutefois un ancrage qui empêche que le pays ne s'éloigne de l'Occident et n'entraîne dans sa dérive d'autres Etats de la région. Sans extension de l'OTAN vers l'Est il y a 25 ans, la Russie aurait eu des relais autrement plus puissants que la cinquième colonne sur laquelle elle s'appuie actuellement en Europe centrale. Elle contrôlerait toute la région, puisque Poutine n'aurait eu aucun mal à phagocyter tous les gouvernements, créant une sphère d'influence impérialiste allant de Narva à Constanța, avec le fleuve Oder comme frontière occidentale.»
Une alliance trop peu européenne
Magyar Nemzet réprouve l'hégémonie des Etats-Unis au sein de l'alliance :
«La force de dissuasion de l'OTAN est indéniable. Conscients de la doctrine de défense collective, ses ennemis n'attaquent pas les pays alliés. Au demeurant, il faut reconnaître que les Etats-Unis dominent les 31 autres pays membres de l'organisation, ce qui n'est pas sans éveiller des doutes sérieux quant à la capacité de l'Europe à se défendre en ces temps qui laissent présager des malheurs à venir. Car c'est celui qui paie l'orchestre qui choisit la musique.»
L'avenir s'assombrit
Les 25 années à venir pourraient être plus compliquées, écrit Právo :
«La République tchèque doit elle aussi entendre Donald Trump quand il dit que s'il est élu président, il réévaluera les obligations des Etats-Unis dans le cadre de l'alliance transatlantique. A ce jour, l'autonomie stratégique de l'Europe est une formule, ce n'est pas une réalité. Nous allons au-devant de temps difficiles.»
Des troupes de 'maintien de la paix' en Ukraine
Dans wPolityce, l'ancien ministre polonais de la Défense Jan Parys voit une nouvelle mission se profiler à l'horizon de l'OTAN, plus à l'Est :
«Le problème pour l'Europe aujourd'hui, outre la guerre en Ukraine, c'est aussi les rapports avec la Russie, un pays agressif qui refuse une coopération normale. Pour la Pologne et l'Europe, un cessez-le-feu en Ukraine assuré par le stationnement de troupes alliées est préférable à une Ukraine qui combat contre la Russie sans perspective de réussite militaire. Une Ukraine bénéficiant de garanties de sécurité est une meilleure garantie de paix en Europe qu'une Ukraine combattant contre la Russie. Bien sûr, l'Ukraine a actuellement besoin des plus grandes livraisons d'armes possibles pour pouvoir négocier depuis une position forte.»