Présidentielle slovaque : quelle doit être la réaction de Prague ?
La République tchèque désapprouve de plus en plus la politique de son voisin slovaque : le retour de Robert Fico à la tête du gouvernement, puis l'élection de son allié Peter Pellegrini à la présidence. Les positions diamétralement opposés adoptées vis-à-vis de Poutine, notamment, mettent à rude épreuve des relations traditionnellement étroites.
Respecter les décisions des Slovaques
Echo24 conseille aux Tchèques de ne pas ne poser en donneurs de leçons :
«C'est déjà le second scrutin dont l'issue est comprise différemment par les Slovaques que par le gouvernement tchèque actuel et son électorat. Les Slovaques ne veulent pas quitter des structures essentielles comme l'UE ou l'OTAN, mais leur identité nationale leur importe davantage. C'est leur droit, leur volonté. ... Les représentants de l'Etat et le gouvernement tchèques doivent l'accepter, s'en tenir aux accords bilatéraux, s'abstenir de leçons et de critiques et respecter nos voisins, qui nous sont proches à bien des égards. Ne serait-ce que parce que nous avons déjà suffisamment de problèmes à gérer dans notre propre pays.»
Prague doit réagir
Český rozhlas voit les choses différemment :
«La République tchèque doit s'exprimer sur le résultat, qu'elle le fasse publiquement ou, plus discrètement, par la voie diplomatique. Car il n'est pas seulement question des relations spéciales entre les deux pays, mais aussi de la défense de nos propres intérêts. La République tchèque a besoin de pouvoir se fier à la Slovaquie comme partenaire sur les questions de sécurité : échange d'informations secrètes ou lutte contre la guerre hybride du Kremlin. ... Peter Pellegrini succèdera à la mi-juin à Zuzana Čaputová. Très appréciée des Tchèques, la présidente sortante entretient aussi de très bonnes relations avec son homologue tchèque, Petr Pavel. La cohabitation politique avec nos amis slovaques s'en trouvera très fragilisée, et parfois douloureuse.»
Solidarité et vigilance
Les détracteurs du gouvernement Fico ont besoin du soutien de la République tchèque, écrit Hospodářské noviny :
«Les médias indépendants et les ONG auront besoin d'aide pour que la société slovaque puisse maintenir son pluralisme et sa pugnacité dans les années à venir. ... Les médias tchèques doivent soutenir leurs confrères et consœurs slovaques désireux de préserver leurs indépendance. ... Les Tchèques pensent en tout premier lieu à se protéger eux-mêmes. Il ne fait cependant aucun doute que Fico et son action font des émules dans la classe politique tchèque, et continueront d'en faire. Dans une certaine mesure, la lutte pour la défense de la radio-télévision publique slovaque RTVS peut donc avoir un impact décisif sur l'avenir des médias publics tchèques.»