Slovaquie : l'indépendance de la télévision publique en danger ?

En Slovaquie, un projet de loi sur la réforme de l'audiovisuel public (RTVS) présenté par le gouvernement de Robert Fico suscite un tollé. Il prévoit de rebaptiser la RTVS en Télévision slovaque et STaR, dont les conseils de surveillance seront dorénavant subordonnés au Parlement et au ministère de la Culture. Ceci rappelle à Ľuboš Machaj, président de RTVS, l'époque de la censure communiste. Les commentateurs voient la liberté de la presse en péril.

Ouvrir/fermer tous les articles
Aktuality.sk (SK) /

Deux visions antagonistes s'affrontent

La censure est de retour, affirme Aktuality.sk :

«La ministre de la culture, Martina Šimkovičová, s'est rendue mardi dans les studios de la [radiotélévision publique] RTVS pour rappeler que la reprise en main de l'institution relevait de sa compétence. En discutant avec le directeur de RTVS, Ľuboš Machaj, il s'est avéré que des mondes les séparaient. D'un côté celui du journalisme professionnel, indépendant et impartial, dans l'intérêt du public. De l'autre un monde farci de conspirationnisme, de mensonge, d'une bêtise sans borne, d'une soif de vengeance abjecte et prompt à collaborer avec le régime de Poutine. ... Le gouvernement Fico brandit tout bonnement le gourdin de la censure. Car ce sera la prérogative de l'Etat de décider et de contrôler les sujets que les médias auront le droit de couvrir et ceux qu'ils devront passer sous silence. C'est une guerre contre la liberté.»

Hospodárske noviny (SK) /

Vers une télévision inféodée au pouvoir

Hospodárske noviny rappelle que les tentatives de la classe politique d'influencer les médias ne datent pas d'hier :

«Les médias slovaques dorénavant rassemblés au sein de STaR fonctionneront selon le modèle classique de la télévision inféodée au pouvoir. A chaque changement de gouvernement, STaR aussi changera. Vite fait bien fait, sans moufter. Notre législation sur l'audiovisuel public a toujours été sujette à caution. La classe politique dominante a toujours plus ou moins chapeauté la télévision et la radio. L'habileté des présidents de chaîne à ruser avec les lobbies a joué un rôle décisif.»

Lidové noviny (CZ) /

Un ascendant qui se ressent déjà

La pression politique se fait d'ores et déjà ressentir dans les grilles de programme de Markíza, la chaîne privée la plus populaire du pays, note Lidové noviny :

«Avant même les législatives, le parti de Fico, le SMER, avait longtemps boycotté la chaîne, l'accusant de partialité. Ces dernières semaines toutefois, on notera que la programmation de Markíza a nettement évolué. Dans son JT, longtemps le plus suivi du pays, les sujets politiques controversés se sont soudainement raréfiés. Les questions désagréables posées aux politiques issus des partis de la coalition au pouvoir ont cédé la place aux reportages sur le 'lifestyle' et les animaux. ... Une tendance peut-être liée au propriétaire de la chaîne, soucieux de préserver de bonnes relations avec le gouvernement.»