Lituanie : victoire écrasante du président sortant
Gitanas Nausėda a remporté haut la main le second tour des présidentielles en Lituanie, dimanche 26 mai. En recueillant 74,73 pour cent des suffrages, il a devancé sa rivale, la Première ministre Ingrida Šimonytė (24,26 pour cent). Jamais par le passé un candidat à la présidentielle n'avait obtenu un score aussi élevé au second tour. Les commentateurs évoquent les dossiers auxquels devra s'attaquer le président à la cote de popularité élevée.
La rançon du succès
Paulius Gritėna, chroniqueur à LRT, fait le constat suivant :
«La politique extérieure de Nausėda pendant son premier mandat Il a affermi son rôle sur la scène politique et gagné le respect des partis politiques. Dans le même temps, il a aussi voulu gagner les cœurs. Un souhait qui lui a davantage importé que la nécessité d'être réceptif aux critiques, de remettre en question sa tactique et sa stratégie et de communiquer pour expliquer un certain nombre de concepts et de positions. ... Pour son second mandat, Nausėda dispose de différentes options. ... Mais tout dépendra du choix que fera le président : gagner les faveurs de l'opinion par tous les moyens possibles et imaginables ou s'engager dans la voie difficile et parfois impopulaire du leadership, qui demande de prendre des décisions complexes.»
L'Ouest a beaucoup à apprendre
La reconduction à la tête de l'Etat d'un fervent défenseur de la cause ukrainienne n'a rien d'étonnant, écrit taz :
«C'est parce que la Lituanie n'a pas oublié les meurtrissures de l'histoire qu'elle se sent particulièrement menacée par la Russie, de même que les deux autres Etats baltes, l'Estonie et la Lettonie, mais aussi la Pologne, par exemple. Ces derniers temps, ces pays ont été la cible d'une recrudescence d'attaques de 'guerre hybride' de la part du Kremlin, qui instrumentalise des migrant·e·s, acheminé·e·s en grand nombre à travers des frontières rendues délibérément poreuses, ou qui insinue des velléités sans queue ni tête de modifier certaines frontières maritimes dans la Baltique. Ce sont là des réalités à prendre au sérieux - ne pas le faire serait coupable et présomptueux. Non, des pays comme la Lituanie n'ont de leçons à recevoir de personne concernant la Russie. Au contraire, il faut être à l'écoute de ce qu'ils peuvent nous enseigner.»
Mettre sa popularité au service de mesures impopulaires
Sur 15min, le politologue Ramūnas Vilpišauskas évoque les chantiers auxquels le président devra s'attaquer :
«Nausėda mettra probablement à l'épreuve la stabilité de la coalition actuelle et de la Première ministre. Mais il est peu probable que de grands changements législatifs soient amorcés à l'approche des législatives [le 6 octobre]. ... On se demande toutefois si Nausėda, maintenant qu'il n'a plus à se soucier de sa réélection, essaiera de mettre sa popularité au service de changements politiques potentiellement impopulaires mais nécessaires - notamment une réforme fiscale pour pérenniser le financement de la défense. Mais il y a fort à parier que la coalition gouvernementale ne s'y attellera pas avant les législatives.»