La Russie envisage une hausse globale des impôts
En quête de recettes, le ministère russe des Finances a présenté un projet de réforme fiscale. A partir de 2025, l'impôt serait nettement plus élevé pour les revenus supérieurs, le taux passant de 15 à 22 pour cent. L'impôt sur les sociétés serait également relevé de 20 à 25 pour cent, tandis que certaines exemptions de TVA seraient supprimées. Cette réforme serait-elle vraiment la source d'une "plus grande équité", comme l'assurent ses instigateurs ?
Les super-riches s'en sortent bien
Dans un post Telegram relayé par Ekho, le journaliste Sergueï Yeskhov fustige un projet inique :
«L'augmentation du taux d'imposition [supérieur au taux standard de 13 pour cent] s'appliquera dès un seuil de revenus de 200 000 roubles par mois [2 000 euros environ]. Or une personne avec de tels revenus ne peut être considérée comme riche à Moscou. Ce sont donc ces contribuables, avec une marge de manœuvre restreinte, qui sont appelés à passer en caisse, tandis que les oligarques recourent à des stratégies d'optimisation fiscale. ... Par ailleurs, les taux évolutifs s'appliquent seulement aux salaires, alors qu'un taux fixe de 15 pour cent est réservé aux dividendes. Les propriétaires d'entreprise contribuent donc relativement moins que leurs employés, ce qui est absurde. ... Voilà à quoi ressemblent ces 'impôts progressifs'. Il n'existe en revanche pas de seuil minimum de revenus en dessous duquel on serait affranchi de l'impôt. Même les plus pauvres ne sont pas exemptés de ce fardeau.»
Un effort de guerre à financer
Sur sa page Facebook, le politologue Ilia Matveïev estime que l'économie de guerre russe atteint ses limites :
«Parmi les mesures principales, on trouve la hausse de la TVA et de l'impôt sur les sociétés. La population et les entreprises continueront donc de financer la guerre. Se pose ainsi la question de savoir si l'industrie de l'armement peut entraîner dans son sillage les secteurs civils (dans une sorte de de 'keynésianisme militaire'). Mais en matière de réduction du chômage, de capacités de production et de synergie globale entre secteurs civil et militaire, la Russie atteint ses limites. Les secteurs militaires sont déjà en phase de croissance, tandis que les secteurs civils stagnent.»