Allemagne : un policier tué dans une attaque au couteau
Une attaque mortelle à l'arme blanche suscite une vive émotion en Allemagne : vendredi dernier, un homme de 25 ans s'en est pris à plusieurs participants d'un rassemblement du mouvement anti-islam Pax Europa. Un policier a succombé à ses blessures. Le Parquet général allemand chargé de l'enquête privilégie la piste d'un motif religieux. Les commentateurs n'en doutent pas.
L'islam politique, péril numéro un
Cette attaque s'inscrit dans une évolution à l'échelle européenne, lit-on dans Neue Zürcher Zeitung :
«Après les Pays-Bas avec Theo van Gogh et la France avec Samuel Paty, c'est au tour de l'Allemagne d'être endeuillée, avec la disparition de Rouven L. ... Samuel Paty avait payé de sa vie le courage qu'il avait eu d'intégrer des caricatures de Mahomet à son cours d'histoire. Suite à son exécution, le président Emmanuel Macron avait érigé en priorité la lutte contre l'islam politique. L'Allemagne est encore à des années-lumière de tirer ce genre de conclusions. ... Ceux qui attachent vraiment de l'importance à la démocratie doivent reconnaître que l'islam politique est aujourd'hui la menace numéro un pour l'Etat de droit, la liberté et la sécurité.»
Il n'y a pas de solution miracle
Der Standard préconise d'apaiser le débat :
«Les appels à serrer la vis se multiplient. C'est une réaction compréhensible, mais on sait que l'Etat ne peut pas lire dans les pensées de ceux qui n'ont jamais rien fait de répréhensible. Bien sûr, il faut assurer la protection des citoyennes et des citoyens, ainsi que celle des agents de police. Dans cette ambiance électrique, la politique est sous pression - et ce a quelques jours des européennes. Beaucoup de personnes ne se contentent plus des déclarations consternées et réclament des solutions. Qu'il serait pratique de pouvoir les tirer du chapeau tout de suite. Malheureusement, les solutions ne se trouvent ni ne se mettent en application du jour au lendemain.»
Les musulmans doivent réagir de manière plus intelligente
Le monde musulman entache sa propre réputation, s'insurge le chroniqueur Ilker Yıldız dans Karar :
«Un des problèmes majeurs du monde musulman est qu'en l'an 2024, il n'ait toujours pas appris à réagir avec diplomatie, à protester et à faire usage des droits que lui confère la Constitution. Je fais des généralisations, je sais, mais il est question d'un sujet général. Des musulmans, qui étaient pourtant dans leur droit, agissent de manière si maladroite qu'ils se causent du tort et nuisent ainsi à la réputation de tous ceux qui sont de leur côté. Il faut se demander comment on en arrive là. Ceux qui ternissent la réputation de cette grande religion devraient être exclus de la communauté des fidèles.»
Et la réaction des musulmans ?
Die Presse estime que les musulmans devraient condamner sans ambiguïté le terrorisme qui se revendique d'Allah :
«Les crimes à motif idéologique, raciste et antisémite obéissent tous à la même loi que les cas de fusillades et de féminicides : en parler et ouvrir un débat public est désagréable, peut faire des émules et être instrumentalisé par la politique. Mais cela reste tout de même préférable au silence et au déni. Les musulmans seraient donc bien inspirés de dire haut et fort ce qui est une évidence : l'islam en tant que religion rejette le terrorisme et la violence envers les avis divergents. Un terroriste ne peut pas être musulman. Et un musulman ne peut pas être terroriste.»