Commémorations du 80e anniversaire du Débarquement
Le 6 juin 1944, les troupes alliées débarquaient en plusieurs endroits de la côte normande, ouvrant ainsi un deuxième front dans la guerre contre l'Allemagne nazie, avant de briser les lignes ennemies quelques semaines plus tard. Les Alliés apportaient ainsi une contribution décisive à la victoire sur les puissances de l'Axe. Des chefs d'Etat et des survivants venus de toute la planète participeront aux commémorations. Pour les chroniqueurs, le Débarquement allié fait écho aux évènements actuels.
Le germe de l'Europe d'aujourd'hui
Le Débarquement allié en Normandie a été décisif pour libérer le continent de l'Allemagne nazie, souligne La Stampa :
«Le 6 juin 1944 peut ainsi être considéré comme l'acte fondateur de la nouvelle Europe. Plus jamais de nazisme (et de fascisme) : tel est l'impératif catégorique sur lequel s'est appuyé le projet politique européen. ... De ce concept clé ont découlé l'engagement en faveur des 'droits humains universels' (consacrés par l'ONU en 1948), le rejet de la guerre, la reconnaissance de la nécessité pour les Etats nations de renoncer à des pans essentiels de leur 'souveraineté', au profit d'une entité supranationale ayant vocation à régler pacifiquement les conflits résultant de l'égoïsme des Etats individuels.»
La paix n'est jamais acquise
The Daily Telegraph rappelle l'importance de cultiver le souvenir du Débarquement en Normandie :
«En ce jour où les chefs d'Etat et de gouvernement des Alliés et leurs anciens ennemis se retrouveront, il y aura un grand absent : Vladimir Poutine, qui était de la cérémonie en 2014, mais n'a pas été invité cette fois-ci à cause de la guerre en Ukraine. Ceci nous rappelle que la paix en Europe n'est jamais acquise. ... Les jeunes diront que tout ceci remonte à bien longtemps et n'a plus grande importance pour le monde d'aujourd'hui. Il ressort d'un récent sondage que la moitié des 18 à 34 ans ne savent pas vraiment ce qui s'est produit le 'D-Day'. ... Mais même si le nombre des derniers vétérans se réduit à peau de chagrin, il est de notre devoir de commémorer ce qu'ils ont accompli. »
Des leçons à ne pas oublier
Il faut écouter les derniers survivants, assène Le Temps :
«L'extrême droite et le populisme prennent le dessus ... . Il y a aussi le retour de la guerre d'agression en Europe ... . Et puis il y a la montée des autoritarismes partout dans le monde. Autant de menaces qui rappellent bien des choses aux derniers témoins de la guerre. Il faut écouter, tant que c'est possible et autant que possible, ce qu'il s'est passé en Europe il y a 80 ans. Et rappeler aux jeunes Européens (c'est-à-dire tous les moins de 80 ans) ce que c'est que de vivre sous le joug du fascisme, sous le marteau de la guerre. Car le risque est d'oublier les leçons de cette époque, si lointaine que même les parents d'Emmanuel Macron n'étaient pas encore nés. ... Soyons attentifs à ces commémorations, comme ces chefs d'Etat qui, espérons-le, ne sont pas là que pour instrumentaliser une opportunité politique et électorale.»
Comment venir à bout d'un régime tyrannique
Les commémorations sont pour Jyllands-Posten l'occasion d'établir un parallèle avec la situation en Ukraine :
«Il faut bien sûr permettre à l'Ukraine d'exploiter tout le potentiel des armes fournies, dans la mesure où le droit international est respecté. ... Ce n'est pas un hasard si les annonces autorisant l'Ukraine à frapper depuis l'Ukraine [des cibles situées sur le sol russe] avec des armes occidentales ont été faites avant les commémorations du Débarquement. ... 80 années se sont écoulées, mais cette opération audacieuse continue de tenir lieu de modèle, nous rappelant que si l'on veut briser le régime tyrannique d'un despote, il faut du courage et de la volonté.»
Rien comparé au risque de guerre nucléaire
C'est aujourd'hui la Russie qui menace la paix en Europe, écrit Visão :
«80 ans plus tard, nous sommes confrontés à une menace extrêmement puissante et mortelle venant de Moscou, qui fait tout pour normaliser et rendre acceptable le recours aux armes nucléaires. ... Cette idée insensée mais ouvertement défendue par des analystes militaires et civils respectés par Poutine aurait pour but de faire plier l'Ukraine et ses alliés de l'OTAN en agitant le spectre de l'apocalypse nucléaire. ... Ce scénario est extrêmement dangereux. ... La Bataille de Normandie et ses milliers de victimes, commémorées aujourd'hui, seraient dérisoires comparées au cataclysme qui résulterait d'un conflit nucléaire.»