Comment expliquer le dévissage des Bourses ?
De nombreuses places boursières dans le monde ont enregistré une forte chute de leurs cours, lundi. Ont notamment été affectés les groupes technologiques. Les actions d'Apple ont par exemple perdu par moments jusqu'à dix pour cent de leur valeur. L'indice boursier japonais, le Nikkei, a connu sa pire journée depuis des décennies. Les chroniqueurs sont divisés quant à la gravité réelle de cette baisse des cours.
Une 'Big Tech' trop concentrée
Corriere della Sera fait l'analyse suivante :
«Avec la croissance considérable de la Big Tech américaine ces dernières années - liée à la révolution numérique, à l'IA et à l'électromobilité -, les marchés d'actions ont graduellement fini par présenter, petit à petit, une concentration extrême. Jamais un nombre aussi limité d'entreprises n'avait représenté une part aussi importante de la valeur totale des marchés mondiaux. Apple, Microsoft, Nvidia, Alphabet (Google), Amazon, Meta (Facebook) et Tesla - par ordre de capitalisation - en sont arrivées à peser ensemble plus de 13 000 milliards de dollars. Il faut certes se garder de faire des comparaisons inadéquates. Mais ces 13 000 milliards de dollars de valeur de marché, concentrés entre sept entreprises, c'est davantage que le PIB de la zone euro sur une année.»
Saisir l'opportunité
Il faut se garder de céder à l'alarmisme, fait valoir La Libre Belgique :
«De telles corrections après des hausses injustifiées économiquement sont tout à fait normales dans un marché sain, surtout en ce qui concerne les 'Magnificent Seven'. Les parcours boursiers exceptionnels de ces sept stars technologiques (Apple, Meta, Google, Amazon, Microsoft, Nvidia et Tesla) ont gonflé les indices boursiers ces derniers mois. Au point de tronquer la réalité des marchés financiers et provoquer aujourd'hui une volatilité inédite. ... L'actuelle volatilité, dont l'issue reste évidemment incertaine, offrira peut-être de belles occasions aux investisseurs de rééquilibrer leurs positions.»
Frappées de plein fouet
Handelsblatt estime que la chute des cours aurait pu survenir bien plus tôt :
«La liste des facteurs d'incertitude est aussi longue que glaçante : retour historique de l'inflation, tentatives désespérées et presque impossibles des banques centrales de juguler l'inflation en relevant les taux - sans pour autant pousser les économies nationales vers la récession -, hausse rapide et quasi généralisée de la dette publique et enfin risques géopolitiques liés au conflit au Proche Orient, à la guerre en Ukraine et à la menace d'invasion de Taïwan. Face à tous ces facteurs, les bourses sont longtemps restées stoïques. ... Mais force est de constater que les choses commencent à changer, même si le changement intervient tardivement. Pour les Bourses, le coup est d'autant plus dur.»
Vers une récession
Pour Jornal Económico, le prix actuel du pétrole est révélateur :
«Tous les indicateurs trahissent un ralentissement de l'économie mondiale. … Il est illogique que le prix du baril de pétrole baisse vu le contexte d'instabilité au Proche-Orient et au Venezuela. On devrait au contraire observer la réaction inverse sur les marchés, avec des prix tirant vers le haut. La raison de ce recul des prix est simple : l'économie mondiale marque le pas, ce qui entraîne une baisse de la demande mondiale de pétrole.»
Les Etats-Unis, épicentre du séisme
Posta y voit une répercussion de la politique monétaire américaine :
«La Banque centrale américaine (Fed) entend maintenir des taux élevés pour pouvoir contrôler l'inflation. Or cela expose l'économie à une récession, car le niveau des taux empêche de nouveaux investissements et fait stagner l'emploi ; on peut donc redouter des répercussions politiques et sociales. Une récession aux Etats-Unis serait une menace considérable et un risque pour l'économie mondiale, notamment pour les économies japonaise et européenne. Les taux d'intérêt élevés freinent notamment les investissements dans des secteurs comme le BTP.»