Lituanie : un partenaire de coalition controversé
La formation d'une coalition gouvernementale en Lituanie continue de faire des vagues : contrairement à leurs engagements de campagne, les sociaux-démocrates ont annoncé vouloir s'allier au parti de centre-gauche Vardan Lietuvos, mais aussi au parti populiste Nemuno Aušra (NA), dont le président, Remigijus Žemaitaiti, actuellement jugé pour antisémitisme, avait perdu son mandat de député avant les élections. Le président Gitanas Nausėda a fait savoir qu'il ne validerait pas la nomination de ministres NA.
Au mépris de tous les principes
Verslo žinios se dit choqué par le tour que prennent les choses :
«Les sociaux-démocrates, qui se sont frayés un chemin jusqu'au pouvoir en usant de mensonges et de manipulations, sont restés fidèles à ces 'valeurs' pour former une coalition. ... Au mois d'octobre, avant les élections, la présidente du parti Vilija Blinkevičiūtė avait souligné qu'elle ne s'allierait pas à Nemuno Aušra, en raison des déclarations antisémites de son président Remigijus Zemaitaitis. ... Par ses propos antisémites, ce dernier avait violé la Constitution et son serment de député. Pour échapper à une destitution qui l'aurait rendu inéligible pendant au moins dix ans, il s'est empressé de déposer son mandat et de disparaître de la circulation. Voici que ce parjure prête serment devant le Parlement. ... Ce n'est plus paradoxal, cela devient proprement absurde.»
La réputation du pays écornée
Sur LRT, Ieva Dirmaitė, conseillère municipale de centre-gauche à Vilnius, fait part de ses craintes pour la réputation de la Lituanie en cas de participation du parti populiste Nemuno Aušra au gouvernement :
«Cela pourrait malmener durablement l'image positive que la Lituanie a mis des années à construire, celle d'une nation attachée aux valeurs occidentales. Sur le réseau X et dans les médias internationaux, des politiques de premier plan venant des Etats-Unis, d'Allemagne et de Pologne expriment l'inquiétude que leur inspire la composition de la coalition lituanienne, et les conséquences qu'elle peut avoir pour le pays. L'heure est grave, car l'attitude du nouveau gouvernement nuit aux relations de la Lituanie avec ses voisins, ses partenaires et ses alliés internationaux. Un opprobre qui renverrait la Lituanie aux temps où le pays avait mauvaise presse et avait eu tout le mal de monde à se réhabiliter.»
Kyiv pourrait perdre un de ses alliés les plus fervents
Ukraïnska Pravda redoute un changement dans la politique extérieure lituanienne :
«Le nouveau gouvernement entend restaurer les relations avec la Chine, rompues après l'ouverture d'une 'ambassade de Taïwan' à Vilnius. On ne peut donc pas exclure que le nouveau gouvernement ait davantage tendance à s'aligner sur le consensus européen au lieu de jouer un rôle précurseur dans les relations avec la Russie. ... On ne peut pas exclure que dirigée par une pareille coalition, la voix de la Lituanie serait nettement moins audible sur la scène internationale. Ce ne serait pas de bon augure pour l'Ukraine.»