Incendies de forêts en Californie : quelle parade ?

Plusieurs incendies font rage depuis des jours dans le Grand Los Angeles : au moins dix personnes ont perdu la vie, des centaines de milliers d'autres on dû être évacuées et des milliers de logements ont été détruits. Les pompiers évoquent "l'une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices" de l'histoire de la métropole californienne. Les éditorialistes évoquent un phénomène multifactoriel et soulignent la nécessité d'en tirer des enseignements.

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The Independent (GB) /

Le résultat d'une urbanisation sauvage

Dans The Independent, le chroniqueur Chris Blackhurst n'est pas surpris par l'ampleur des incendies :

«Si l'on construit dans des plaines inondables, des propriétés seront inondées. Si l'on construit dans des zones sismiques, il y aura des destructions. Si l'on construit sur des flancs de collines recouverts de garrigues, enclins à la sécheresse et exposés à des vents violents, il y aura des incendies. Est-ce si difficile à comprendre ? Le pire, c'est que je n'ai même pas évoqué le changement climatique. La Californie a toujours été l'Etat américain le plus touché par des incendies, et ce longtemps avant que la planète ne commence à se réchauffer. La hausse des températures accroît la probabilité de nouveaux brasiers, mais les conditions qui ont favorisé la situation infernale actuelle à Los Angeles ne sont pas nouvelles.»

taz, die tageszeitung (DE) /

Tous responsables

De telles catastrophes sont évitables, juge taz :

«Il y a des coupables, et il faut les nommer clairement. Les ultra-riches, avec leur train de vie pharaonesque, aggravent la crise climatique. Mais aussi, bien entendu, les entreprises actives dans le secteur des énergies fossiles, qui réalisent leurs profits au détriment de la planète. Et enfin la classe politique, qui ne leur met aucun frein. Mais personne ne peut clamer son innocence : car les politiques sont élus par les électeurs, et les produits des entreprises consommés. En somme, nous sommes tous responsables de l'aggravation de la crise climatique.»

Il Manifesto (IT) /

Les limites de la durabilité ont été atteintes

Il Manifesto critique la hausse de la pression anthropique dans les territoires exposés à des risques écologiques :

«Si la ville attendait un séisme majeur, elle a finalement été victime d'un incendie dévastateur, qui pose la question inévitable de la durabilité d'un développement sans bornes sur un territoire fragile. Les limites de cette durabilité semblent avoir été réellement atteintes sous la pression d'un climat extrême. Les milliers de personnes qui ont perdu leurs logements ces derniers jours et les centaines de milliers d'autres qui ont été évacuées peuvent dès lors être considérées, en dépit des propos irréfléchis du président élu, comme des réfugiés climatiques.»

El País (ES) /

Des récupérations contreproductives

El País espère que les Etats-Unis en prendront de la graine :

«La récupération politique répugnante de la tragédie par la droite américaine est problématique. ... Les républicains sont obsédés par la politique environnementale californienne - celle-ci avait déjà suscité des débats lors du premier mandat de Trump. ... Le fait est que la Californie, en dépit de tous ses problèmes, est un Etat pionnier en matière de prise de conscience du changement climatique, notamment parce qu’elle est fortement impactée par celui-ci. Au milieu de l'horreur et de la tristesse, il faut espérer que dans les prochaines années, les leçons de la catastrophe serviront à renforcer un peu plus cette prise de conscience.»

Libération (FR) /

Un désastre aussi politique

Les forces de la nature n'épargnent personne, rappelle Dov Alfon, rédacteur en chef de Libération :

«Cette catastrophe naturelle annonce d'ailleurs une catastrophe toute politique : l'entrée en fonction de Donald Trump, qui s'est empressé d'accuser le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, d'avoir détourné de l'eau destinée aux Californiens pour protéger un poisson en voie de disparition, une référence à un nouveau plan de gestion du fleuve Colorado qui n'a aucun lien avec la lutte contre les incendies. ... L'incendie à Hollywood ne vient que prouver que ni la richesse, ni la beauté, ni la renommée ne pourront nous sauver de la réaction vengeresse de la Nature à notre inertie.»