Etats-Unis : Trump gèle l'aide au développement
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a de facto neutralisé l'Agence américaine pour le développement international (USAID). La plupart des collaborateurs de l'agence ont été mis en congé, son site Internet bloqué et tous les paiements suspendus pendant 90 jours. Pendant cette période, tous les programmes seront contrôlés, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Marco Rubio, que Trump a nommé directeur intérimaire de l'agence. Les médias discutent de l'impact de cette décision.
Une balle dans le pied
Gazeta Wyborcza formule la critique suivante :
«Le gel de l'aide étrangère américaine, abondamment débattu ces derniers jours, est une décision prise à la petite semaine. Cela est tout simplement inhumain, comme on le voit avec la menace de stopper subitement la distribution de médicaments anti-HIV, notamment en Afrique - mesure heureusement bloquée par Rubio. Mais de telles décisions affaiblissent aussi la position des Etats-Unis. Elles montrent que le pays est un partenaire instable, auquel on ne peut se fier. Car l'aide humanitaire et l'aide au développement ont toujours été, également, un instrument politique.»
Chine et Russie sont déjà à l'affût
L'aide au développement ne peut être considérée comme un simple poste budgétaire, rappelle le quotidien Frankfurter Rundschau :
«Elle est aussi une une aide structurelle qui stabilise les pays, élimine le terreau favorisant l'extrémisme et freine le terrorisme. Aussi n'apporte-t-elle pas seulement un soutien régional, elle accroît également la sécurité dans le monde, y compris celle des Etats-Unis. Et si tout cela ne suffisait pas au PDG de la Maison-Blanche, soulignons que l'économie est elle aussi affectée. Guerre, exil, terrorisme impactent les voies commerciales, bloquent l'accès aux matières premières – même Trump ne peut pas extraire du sous-sol américain tout ce qu'il veut. Or de nombreux pays n'attendront pas que Trump consente à poursuivre son aide moyennant un accord léonin. Les concurrents des Etats-Unis – Chine et Russie – sont déjà à l'affût.»
Un risque de destabilisation de l'Ukraine
Sur republica.ro, le sociologue Gelu Duminică esquisse les conséquences possibles pour Kyiv :
«La décision de stopper les programmes de USAID – ce qui revient à suspendre l'aide à l'Ukraine – doit être mis en corrélation avec la décision de suspendre l'aide militaire pour le pays. En d'autres termes, l'Ukraine se retrouvera privée des fonds nécessaires pour résister à la Russie sur le champ de bataille, mais elle se retrouvera aussi dos au mur avec ses propres citoyens, dont le mécontentement ira grandissant si l'Etat n'est plus en mesure de verser salaires et prestations de base. ... Aussi devrait-on assister à l'augmentation du nombre de ceux qui, en raison de l'aide défaillante de l'Occident, chercheront consolation dans les bras du 'grand frère' à l'Est.»
Beaucoup d'agitation pour rien
Dans un post Telegram repris par Ekho, le journaliste Stanislav Koutcher, établi aux Etats-Unis, se veut optimiste :
«Tout le monde prend peur, tout est chamboulé, mais même si USAID était officiellement liquidée, alors ce serait seulement pour être rouverte rapidement – tel est, du moins, mon pronostic. Trump ne ferait pas un tel cadeau à la Chine et à la Russie, et s'il devait subitement le faire – et je ne pense pas que ce sera le cas –, il ferait le premier pas vers une procédure de destitution.»