Budget britannique : des coupes inévitables ?
La ministre des Finances britannique, Rachel Reeves, doit présenter ce mercredi sa déclaration de printemps concernant la situation économique du pays. On s'attend à ce qu'elle annonce des coupes sévères dans les dépenses sociales, en vue de réduire la dette publique. Les commentateurs de la presse nationale envisagent cette éventualité de manière très contrastée.
La contrainte budgétaire est une mise en scène politique
The Guardian accuse Rachel Reeves d'épargner les plus fortunés :
«Le discours invoque la nécessité : il n'y a pas d'argent. Les décisions sont difficiles, mais inévitables — tel est le récit qui est servi. Mais l'idée selon laquelle des coupes budgétaires douloureuses seraient inévitables relève en réalité d'une mise en scène politique. ... On prétend qu'il n'y a pas de budget pour des repas scolaires gratuits ou pour les clubs de jeunes, tandis que des milliards sont versés aux détenteurs d'actifs financiers, au nom de la 'stabilité'. ... La ministre des finances n'augmentera pas les impôts des riches, n'assouplira pas les règles budgétaires, et n'a pas l'intention de recourir davantage à l'emprunt. Elle affirme donc qu'il n'existe pas d'alternative aux coupes. Pourtant, ce sont là des contraintes qu'elle s'est imposées elle-même.»
Se serrer la ceinture
The Times plaide de son côté pour des coupes sévères dans le secteur public et une politique d'austérité claire :
«Il faut se poser des questions fondamentales sur le rôle de l'Etat. Combien de diplômes universitaires sont inutiles ? Pourquoi les dépenses consacrées à l'enseignement spécialisé ont-elles doublé en dix ans, pour atteindre huit milliards de livres [environ 9,6 milliards d'euros], alors qu'aucune augmentation des troubles de l'apprentissage n'a été constatée ? Dans des domaines comme ceux-là, qui relèvent tous du secteur public, des économies doivent être réalisées. ... Rachel Reeves risque de tomber dans le même piège que son prédécesseur George Osborne, en annonçant des mesures d'austérité sans les mettre réellement en œuvre. La dette coûte chaque année cent milliards de livres en intérêts au Royaume-Uni. Le temps des dépenses inconsidérées est révolu.»