Ukraine : démission d'un ministre réformiste
Face à la résistance opposée à ses projets de réforme, le ministre ukrainien de l'Economie Aivaras Abromavičius, d'origine lituanienne, jette l'éponge. Une démission qui porte un coup dur aux espoirs de réformes cruciales pour l'avenir de l'Ukraine, selon les commentateurs.
Une démission qui pourrait être lourde de conséquences
La démission inattendue du ministre de l'Economie, le réformiste Aivaras Abromavičius, pourrait entraîner la déroute de l’Ukraine, redoute Jagienka Wilczak sur son blog hébergé par le site du magazine de centre-gauche Polityka :
«Ce départ inquiète les Allemands et les Américains, qui voyaient dans Abromavičius le garant de réformes efficaces et d'un développement allant dans le bon sens. Sans réformes, il n’y aura plus d’argent. Les Américains seront les premiers à reprendre leurs billes. C’est un fait. Une décision qui pourrait à son tour déclencher la banqueroute de Kiev. Car sans les crédits de l’Occident et le soutien des institutions financières internationales et des autres gouvernements, l’Ukraine ne peut s'en sortir. Notamment parce que la guerre dans le Donbass n’est toujours pas finie.»
Une grande perte pour l'Ukraine
L'Ukraine reste instable et son salut dépend de politiques de l'envergure d'Aivaras Abromavičius, relève le quotidien conservateur Lietuvos žinios :
«Chaque jour, l’Occident est confronté à un dilemme : comment soutenir l’Ukraine financièrement sans que l’argent n’arrive dans les poches des oligarques ? Privée de soutien, l’Ukraine serait entièrement livrée à la Russie. … C’est la raison pour laquelle on a besoin de ministres comme le Lituanien, ou bien comme la ministre des Finances, l’ukraino-américaine Natalie Jaresko. … Le Premier ministre Arseni Iatseniouk appelle à stabiliser le gouvernement, car le Parti des régions (pro-russe) pourrait ressortir renforcé d’éventuelles élections anticipées. Les Ukrainiens, mais aussi l’Occident, qui soutient l’évolution du pays vers une démocratie pro-occidentale, doivent être conscients que de grands défis attendent encore le pays.»
Les incohérences de la politique extérieure européenne
La politique étrangère de l’UE a une influence délètere sur le développement de l’Ukraine, critique le quotidien libéral La Stampa :
«Il faudrait commencer par remettre en cause la politique extérieure de l’UE. Les sanctions contre la Russie, motivées par la politique ukrainienne de Moscou, ralentissent la croissance - déjà poussive - du PIB européen. De plus, les sanctions compromettent deux millions d’emplois. La démission du ministre de l’Economie ukrainien, qui dénonce l’omniprésence de la corruption, montre de fait que l’Europe pénalise sa propre économie, ce qui fait proliférer ailleurs la corruption.»