L'Espagne augmente fortement son budget de la défense
En matière d'armement, l'Espagne change son fusil d'épaule : courant 2025, le Premier ministre Pedro Sánchez entend relever de dix milliards d'euros le budget militaire du pays, portant ainsi à deux pour cent du PIB les dépenses allouées à la défense – conformément à la règle de l'OTAN. Il compte imposer le projet de réarmement sans le soutien de son partenaire de coalition de gauche et sans soumettre le projet au vote du Parlement. Le court-circuitage de l'Assemblée suscite les critiques des commentateurs.
Une décision trop cruciale pour être prise par une personne
El Mundo exige un vote au Parlement :
«Compte tenu du contexte géopolitique actuel, il était inévitable que l'Espagne – le membre de l'OTAN qui consacre le moins à la défense – se résolve enfin à honorer les engagements qu'il avait pris en 2014. Notre pays ne pouvait pas rester aussi isolé. ... Le gouvernement fera de la défense le second poste budgétaire de l'Etat après les retraites. ... L'adoption d'un projet de cet ordre de grandeur – plusieurs millions – et qui marquera l'Espagne pendant des décennies ne saurait dépendre d'une seule personne. Ni même d'un seul parti. Il appartient au Parlement d'en décider, et au gouvernement de présenter son budget prévisionnel, ainsi que le prévoit la Constitution.»
Sánchez n'a pas l'appui d'une majorité
El País critique aussi le cavalier seul du Premier ministre :
«Quand un pays se trouve face à une décision aussi importante que sa stratégie de défense, il faut traiter les citoyens comme des adultes et aborder la nouvelle situation dans le cadre d'un débat public et transparent. Heureusement, les Espagnols assisteront à ce débat. Mais sans la force que lui conférerait un vote du Parlement, le projet manque de crédibilité. Le fait est que dans cette décision importante, le gouvernement est seul. La gauche est contre un réarmement et la relation de confiance avec la droite est en miettes, ce qui rend impossible de se mettre d'accord sur des questions d'Etat comme celle-ci.»