Pologne : controverse sur les allocations familiales
Le Parlement polonais a adopté la loi sur la revalorisation des allocations familiales, qui s'élèveront à 115 euros mensuels à partir du second enfant. La mesure devrait être financée par une taxation spéciale des entreprises. La presse polonaise dénonce une entreprise bien hasardeuse du PiS, le parti national-conservateur au pouvoir.
Première épreuve pour le gouvernement
En déclarant vouloir financer les allocations familiales par l’introduction d’une taxe spéciale, le gouvernement va s’attirer ses premiers problèmes, estime le quotidien libéral Gazeta Wyborcza :
«Souvent liés à un système de franchise, les petits magasins sont assujettis à l’impôt. De plus, le ministre des Finances se met à dos les revendeurs sur Internet, qui doivent plus que tout autre se mesurer à la concurrence étrangère. Ce genre de taxation du commerce a déjà été critiqué par la Commission européenne pour son incompatibilité avec les principes européens. Bruxelles avait déjà obligé la Hongrie, il y a quelques années, à modifier ses dispositions légales pour ce qu’elles grévait certains secteurs. … Voici maintenant que le vice-Premier ministre [Mateusz] Morawiecki a attaqué le ministre des Finances [Paweł] Szałamacha. C’est le premier conflit ouvert au sein du gouvernement. On ne peut pas exclure que pour couper court à la controverse, [Beata] Szydło vire le malheureux Szałamacha.»
Un gaspillage d'argent
Les allocations familiales sont une idée noble mais absurde, analyse l’économiste Sergiusz Prokurat dans une tribune au quotidien conservateur Dziennik Gazeta Prawna :
«Les primes accordées à la naissance d’un enfant, ou encore les allocations familiales versées mensuellement, sont des exemples typiques de mesures adoptées par des gouvernements inefficaces, bien qu’elles soit animées par des intentions positives et nobles. … Voici que la Pologne se prêtera bientôt aussi à ce gaspillage d’argent, qui ne fera des heureux que parmi les fonctionnaires. Car la tâche de distribuer cet argent demandera la création d’emplois fixes. … Or une augmentation de 25 pour cent, par exemple, des allocations familiales entraînera à court terme une hausse des naissances de 0,5 pour cent et de 4 pour cent à long terme. Ceci a été prouvé par une analyse de l’économiste Jan Hoem.»
Le PiS tient ses promesses d'aide aux familles
Le projet de loi illustre la probité du gouvernement, souligne le député PiS Maks Kraczkowski dans une tribune au quotidien national-conservateur Gazeta Polska Codziennie :
«Ce programme du PiS confère à la politique économique et sociale polonaise, voire même à la politique polonaise dans son ensemble, une qualité tout à fait nouvelle. Car jusqu’à présent, les promesses de campagne n’étaient jamais tenues. Le gouvernement PiS actuel et les dirigeants du parti, qui ont déjà été au pouvoir entre 2005 et 2007, ont prouvé pour leur part que leur parole comptait. … Le PiS propose à présent un programme que l’on peut considérer comme véritablement révolutionnaire en termes d’aide aux familles et d’encouragement des naissances.»