La Hongrie avant le référendum sur les réfugiés
Le 2 octobre, les Hongrois sont appelés à se prononcer par référendum sur le projet de répartition des réfugiés entre les différents Etats membres de l'UE. Le chef du gouvernement Viktor Orbán rejette cette initiative européenne. L'issue du scrutin ne fait aucun mystère, affirment certains commentateurs. D'autres font valoir qu'une trop faible participation pourrait mettre en difficulté le Premier ministre Victor Orbán.
L'abstentionnisme poserait problème au Fidesz
Un échec du référendum pourrait renforcer l'opposition hongroise et ébranler le gouvernement, augure Die Presse :
«Après qu'une importante partie de l'opposition, hormis Jobbik et certains petits partis, ont appelé à boycotter le scrutin, l'échec du référendum pourrait leur donner un nouvel élan. Si la participation restait réellement en-dessous de 50 pour cent, le référendum serait une défaite amère pour Orbán. Même en cas de victoire raz-de-marée du non, la nullité du vote pourrait être interprétée comme une victoire de l'opposition. Depuis la prise de pouvoir par le Fidesz en 2010, les partis dans l'opposition n'ont jamais eu d'aussi bonnes cartes en main que lors du référendum sur les quotas. Un échec lors du référendum ne restera pas sans effets. Un vote nul entraînerait des débats virulents au sein du Fidesz et révèlerait des fissures dans le camp du gouvernement. Il pourrait même avoir des conséquences personnelles. Une atteinte à sa réputation d'une telle envergure risquerait de déstabiliser le gouvernement.»
L'issue du référendum sera sans surprise
Le résultat du référendum hongrois est connu d'avance, selon Trud :
«'Voulez-vous que l'Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non-hongrois en Hongrie sans l'approbation du parlement ?' Si la question est formulée de telle façon, le résultat ne fera pas de grandes surprises, la question n'admettant qu'une seule réponse. Les électeurs hongrois peuvent soit approuver la position d'Orbán, soit admettre que l'UE peut agir en Hongrie comme bon lui semble. Orbán veut montrer que la majorité des Hongrois est contre la 'bureaucratie bruxelloise' et pour le maintien de la souveraineté. … Si le référendum est un succès, il pourrait entraîner une vague de référendums dans d'autres pays membres souhaitant eux aussi se débarrasser du fardeau des quotas des réfugiés.»
Les Hongrois furent aussi accueillis par l'Europe
Ne serait-ce que pour des raisons historiques, la Hongrie devrait se montrer accueillante envers les migrants, observe l'écrivain László Bitó dans Népszabadság :
«Compte tenu de notre histoire, nous devrions montrer l'exemple en ce qui concerne l'accueil des migrants, puisque nous étions parmi les derniers peuples à avoir été accueillis dans le giron de l'Europe. De plus, à cause de nos coutumes et de notre foi païenne, nous avons été considérés comme un corps étranger sur le continent. Heureusement, un certain roi [Stéphane I] a apporté à son peuple la foi et l'hospitalité au lieu d'imposer à l'Europe un paganisme non orthodoxe. Hélas, les hommes politiques au pouvoir aujourd'hui veulent restaurer la grandeur passée de la Hongrie en se tournant vers l'Est. … Dans les têtes de ces élites bouillonne un mélange grossier de doctrine chrétienne et de nostalgie païenne.»
Annulons le référendum
Le référendum initié par le Premier ministre hongrois Orbán a perdu sa raison d'être, déclare le philosophe Gáspár Miklós Tamás sur le portail en ligne Kettős Mérce :
«Juncker a annoncé lors de son discours devant le parlement européen que la Commission renonçait à soumettre une proposition portant sur une 'répartition contraignante' des réfugiés. ... Lors du sommet européen à Bratislava, Angela Merkel a elle aussi signalé qu'il n'y aurait pas de quota de réfugiés. … C'est la raison pour laquelle le référendum n'a plus de sens. ... La répartition des réfugiés entre les différents Etats européens n'a jamais été qu'une idée. Et cette idée est maintenant enterrée. ... C'est également pour cette raison qu'il est inutile de continuer à dépenser des deniers publics pour financer ce référendum. Annulons ce vote au plus vite.»
Orbán pourrait aussi perdre
Bien que les adversaires de la migration semblent être nettement majoritaires, il n'est pas exclu que le Premier ministre Viktor Orbán prenne une grosse claque, conjecture Mladá fronta dnes :
«Selon toute vraisemblance, il serait difficile qu'Orbán perde ce vote. De par sa formulation même, la question portant sur des quotas contraignants pour la répartition des migrants appelle une seule réponse possible chez tout ressortissant normalement constitué d'un pays souverain. ... Mais le Premier ministre peut perdre le référendum malgré tout. Pour que ce dernier soit valable, plus de 50 pour cent des électeurs inscrits doivent aller voter. Et ce n'est pas du tout gagné. Malgré des efforts considérables en termes de campagne électorale dans la rue et les médias d'Etat, le nombre de Hongrois prêts à participer au référendum stagne. Selon un récent sondage, seuls 48 pour cent des Hongrois ont l'intention de voter. Orbán est massivement intervenu en personne pour appeler les Hongrois à participer à 100 pour cent. Mais qui sait, peut-être verra-t-on dimanche que ce sujet n'est pas la préoccupation numéro un des Hongrois.»
Les quotas de réfugiés sont une aberration
Tout Hongrois responsable doit voter contre les quotas de réfugiés de l’UE au référendum, explique le politologue pro-gouvernemental Tamás Lánczi sur le blog Mozgástér :
«Il y a un an et demi, la gauche niait la migration de masse. Nous [du côté du gouvernement] avions déjà pris la mesure du phénomène à l’époque, et les faits nous ont donné raison. La gauche a ensuite affirmé que les réfugiés étaient tous en situation de détresse. Il s’est avéré depuis que la majorité d’entre eux sont des réfugiés économiques, autrement dit qu’ils font partie d’une nouvelle vague migratoire. Ensuite, la gauche s’est acharnée à nier qu’il y avait des terroristes parmis les réfugiés. Sur ce point aussi, hélas, les événements nous ont donné raison. … C’est pourquoi je voterai non parce que l’immigration de masse menace véritablement de détruire l’Europe. Il va sans dire que la gauche nie également ce réel danger.»
Une rhétorique aux antipodes de l'Europe
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a appelé à expulser d’Europe les réfugiés et à les enfermer dans des camps situés en dehors de l’UE. 'Il faut ramasser et déporter tous ceux qui se sont introduits illégalement [dans l’Union]', a-t-il déclaré sur le portail en ligne hongrois Origo. Orbán dépasse clairement les bornes, s’insurge Il Sole 24 Ore :
«Ce sont des paroles qui font peur sortant de la bouche d’un chef d’Etat de l’Union. De cette Union même dans laquelle des pays comme l’Allemagne et l’Italie cherchent, dans une splendide isolation, à convaincre leurs partenaires de faire face de manière coordonnée et solidaire à la détresse des réfugiés. … La souveraineté nationale toujours invoquée avec une grande désinvolture par Orbán, mais aussi par le nouveau gouvernement polonais, n’autorise pas à employer des mots et des gestes aussi extrêmes – encore moins au nom de l’identité et des racines chrétiennes de l’Europe. La Hongrie a déjà érigé un mur à ses frontières. Mais ajouter à la rhétorique nationaliste des mots tels que 'déportation' et 'ratissage' ne peut qu’éloigner le pays de l’Europe.»
Orbán s'érige en sauveur du christianisme
Le Premier ministre Viktor Orbán a réussi non seulement à orienter en un temps record l’animosité de beaucoup de Hongrois contre les réfugiés, mais il se pose également en sauveur de la chrétienté, s’insurge l’hebdomadaire critique envers le gouvernement Magyar Narancs :
«Orbán et sa machine propagandiste ont réussi à figer dans la peur et la terreur ce pays qui, il y a un an et demi, était encore disposé a venir en aide aux réfugiés de guerre. Ses derniers discours stratégiques prononcés à Kötcse [où l’élite conservatrice du pays tient annuellement ses congrès] révèlent l’image qu’Orbán se fait de lui-même. L’an dernier par exemple, il déclamait que son horizon s’était élargi ; après avoir sauvé la nation hongroise, il avait compris que sa véritable mission consistait à sauver l’Europe et la civilisation chrétienne. Cette année, il n’a plus été question que du sauvetage de la chrétienté. Il s'en serait fallu de peu pour qu’il déclame 'J’ai été choisi entre les hommes !'. Il le garde pour l’année prochaine.»
Un référendum en or pour Orbán
Si Viktor Orbán cultive l’hostilité envers les réfugiés et les immigrés, c’est parce qu’il sait parfaitement qu'en Hongrie, c'est un moyen assuré de marquer des points et de consolider son pouvoir, écrit l’analyste Lajos Rakusz dans le quotidien critique envers le gouvernement Népszabadság :
«Il y a environ dix ans, un sondage avait été réalisé sur la manière dont les immigrés étaient perçus par les Hongrois. Ces derniers avaient notamment été interrogés sur leur opinion concernant une ethnie fictive, les Pirésiens. A l’époque déjà, plus de deux tiers des personnes interrogées étaient défavorables à l’arrivée dans le pays des Pirésiens. Ce référendum a été une manne pour Orbán. Pour quelle raison ? Parce que compte tenu du refus catégorique de l'immigration, un référendum sur le thème des réfugiés ne peut tourner qu’à la faveur d’Orbán. … Orbán a créé en Hongrie un climat dominé par la peur. Mais cette peur a un prix : de s’en remettre à l’autorité qui promet une protection absolue. C’est pourquoi nous trancherons le 2 octobre sur la question suivante : Voulons-nous vivre en liberté ou dans un Etat autoritaire ?»
Orbán veut révolutionner l'UE
Pour le Premier ministre Viktor Orbán, l’enjeu du référendum sur les taux de réfugiés dépasse largement sa volonté d’asseoir son pouvoir en Hongrie, observe le quotidien Magyar Nemzet :
«Pourquoi le gouvernement mise-t-il sur la mobilisation totale, comme s’il en allait de sa survie ? … Pourquoi a-t-on l’impression que dans ce référendum, il joue le tout pour le tout ? … Le nombre de 'non' attendus ne lui suffit pas. Pour le gouvernement, la validité de ce référendum revêt une importance capitale. Pour qu’elle soit garantie, quatre millions d’électeurs doivent se rendre aux urnes. … Il semblerait que Orbàn mise gros. Ce qui lui importe en tout premier lieu, c’est la nature et l’orientation de l’Europe de demain et le rôle que la Hongrie y jouera. De surcroît, il veut consolider son propre poids politique en Europe. Avec le référendum du 2 octobre, le Premier ministre veut placer un jalon et révolutionner l’UE dans ses fondements.»
Les pro-immigration devront affronter des vents contraires
Le rejet par les électeurs hongrois des quotas de réfugiés pourrait amener l’UE à réviser sa politique d’immigration, analyse le politologue Tamás Lánczi sur Mozgástér :
«Contrairement à beaucoup d’autres commentateurs, je suis d’avis que le référendum doit avant tout être considéré dans le contexte de la politique extérieure. … A l’étranger, on s’intéressera moins à la validité du référendum [50 pour cent des élus plus une voix] qu’au nombre de ceux qui partagent la position d’Orbán. Plus le soutien apporté à Orbàn sera important, plus les politiques européens favorables à l’immigration auront du mal à mener les négociations. Car le pouvoir politique ne repose pas sur des règlements, mais sur l’adhésion des électeurs. Il y a longtemps qu’Orbàn en a conscience, mais les politiques d’Europe occidentale ne commencent que tout doucement à en prendre la mesure.»
Un précédent dangereux
En organisant un référendum sur les quotas de réfugiés, Budapest tente de contourner une décision contraignante de l'UE, critique sur son blog euinside Adelina Marini, qui craint que la fin de l'union ne soit proche :
«L'issue du référendum ne dispensera pas automatiquement la Hongrie de son obligation d'accueillir des réfugiés. Mais plus que le Brexit, elle sapera certainement le projet européen basé sur des valeurs et des règles communes. Ces règles sont de plus en plus souvent enfreintes, et la Commission européenne y contribue même en accordant sans cesse des exceptions et concessions aux pays déficitaires. Au cas où le référendum hongrois serait couronné de succès, il pourrait, en dépit de toutes les critiques, inciter d'autres pays membres à organiser des référendums contre la législation européenne, parce que certains élus nationaux la considèrent comme nuisible aux intérêts nationaux de leurs pays. Cela signifierait pratiquement le début de la fin de l'UE.»
La gauche n'a rien à proposer face à Orbán
En Hongrie, l’opposition de gauche présente un front désuni en ce qui concerne le référendum sur la répartition des réfugiés dans les pays de l’UE, qui aura lieu dans un mois, raille le chroniqueur Zsigmond Péterfy sur le portail d’opinions Mandiner :
«Une fois de plus, l’opposition de gauche n’a pas réussi à trouver un consensus sur la question du référendum. Y a-t-il quelqu’un dans ce pays qui soit en mesure de dire à froid quelle est la position de la gauche ? Tentons de faire un état des lieux : si nous comprenons bien, les socialistes [MSZP] rejettent la solution des quotas, mais aussi le référendum. La coalition démocratique [DK] appelle actuellement à boycotter le référendum. Les libéraux, pour leur part, préconisent de se rendre aux urnes et de dire oui à la répartition des réfugiés, tandis que les verts laissent à leurs électeurs le soin de décider. Et c’est cette gauche qui veut ensemble vaincre Orbán aux législatives de 2018 ?»
Le gouvernement manipule l'électorat par la peur
Dans la perspective du référendum du 2 octobre, le gouvernement a déjà lancé la machine propagandiste, par le truchement de l’agence de presse d’Etat MTI, souligne András Jámbor sur le portail de blogs Kettős Mérce :
«MTI a récemment diffusé les propos de l’ambassadeur de Hongrie au Nigéria, un politique du parti au pouvoir Fidesz, selon lequel les réfugiés introduiraient de terribles virus en Europe. De surcroît, ils apporteraient des maladies contagieuses, mais aussi des maladies congénitales qui n’existent pas encore en Europe. … Il est ridicule de semer une telle panique dans le contexte de la crise des réfugiés. L’ambassadeur - qui est médecin, soit dit en passant - devrait tout de même connaître le mode de propagation de ces maladies. Il devrait savoir que le nombre de réfugiés nigérians qui viennent en Hongrie est infime. Le rédacteur de MTI, quant à lui, cherchait manifestement une seule chose : propager la peur par des nouvelles catastrophistes.»
L'opinion publique, unie contre les réfugiés
Ceux qui croient que l’opposition hongroise votera en faveur de la répartition des réfugiés se leurrent, fait valoir le politologue Lakner dans Népszabadság :
«L’instrumentalisation de la peur dans le contexte des réfugiés a valu au gouvernement un regain de popularité. Selon un sondage actuel, la xénophobie bat des records en Hongrie. Il ressort par ailleurs d’une étude internationale que la majorité des Hongrois font davantage confiance à Poutine qu’à Merkel. A en croire une autre étude, la majorité des sympathisants de l’opposition de centre-gauche serait opposée à une répartition des réfugiés à l’échelle européenne. Exactement comme le souhaite le gouvernement. Les partisans de l’opposition sont nombreux à adhérer pleinement à la politique migratoire d’Orbàn : ils ne veulent pas avoir d’immigrés en Hongrie.»
L'UE doit enfin se doter de lois régissant la migration
La Hongrie a toujours été opposée à la répartition des réfugiés entre les Etats de l’UE, souligne Dnevnik, qui exhorte l’UE à rappeler à l’ordre Budapest à coup de lois :
«A l’heure où l’on évoque prudemment l’imminence d’une nouvelle vague de réfugiés, il serait bon de connaître les fondements de la politique européenne migratoire. L’UE n'est pas construite sur des valeurs et des principes, mais sur des lois. La question clé n’est pas de savoir si les politiques suivies par les Etats de l’UE pris individuellement sont conformes aux valeurs européennes, mais si elles sont conformes avec les lois qui les régissent. Si ces lois n’existent pas, il faut les rédiger sans plus tarder.»
Comment saboter le référendum
Népszava appelle les pourfendeurs du référendums à y prendre part, mais à glisser un bulletin invalide dans l’urne :
«Qu’est censé faire le citoyen bulgare désorienté pour répondre à une question qui n’a jamais été posée par l’UE dans ces termes ? Ne pas répondre, voilà la consigne à suivre. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne doit pas aller voter, car en restant chez soi, on apporte par son attitude passive une réponse favorable à cette question grotesque du gouvernement. En effet, ceux qui participeront et voteront contre une répartition des réfugiés seront majoritaires. Ce qu’Orbán pourrait tourner à son avantage, même si le référendum était déclaré invalide à cause d’un taux de participation trop bas. … Chacun doit donc se rendre au bureau de vote et dessiner un gros point d’interrogation sur son bulletin. Il aura ainsi accompli son devoir de citoyen et montré qu’il ne se laisse pas mener en bateau.»
Les Hongrois n'ont pas l'habitude des migrants
La peur des Magyares faces aux immigrés, que les pays d’Europe de l’Ouest jugent exagérée, est probablement liée au fait que la Hongrie n’a jamais été confrontée à un afflux massif de migrants, analyse le politologue Ervin Csizmadia dans Magyar Nemzet :
«Le problème de l’immigration ne s’est jamais présenté dans l’histoire des PECO sous la forme qu’il a prise en Europe. Par exemple, cette région n’ayant jamais eu de colonies, elle n’a jamais connu de vague migratoire digne de ce nom. Par voie de conséquence, la société hongroise ne sait pas comment réagir face un afflux massif de réfugiés survenant si soudainement. Il serait en effet souhaitable que la société hongroise ait un comportement aussi 'tolérant' et 'humain' que les sociétés occidentales. … Mais il faut ajouter que ces dernières ont dû apprendre au fil de plusieurs siècles comment intégrer les immigrés.»
Orbán veut mobiliser le peuple
Bien loin d’être un vote sur le maintien du pays dans l’UE, le référendum hongrois a pour rôle de légitimer la politique du gouvernement, répond le politologue Tamás Lánczi aux détracteurs du Premier ministre Orbán, sur le portail Mozgástér :
«Les mauvaises langues affirment que ce référendum est dangereux parce qu’il écarterait la Hongrie de l’UE. Ceci se vérifierait si le gouvernement avait assimilé le vote sur les quotas de répartition à un vote sur l’appartenance à l’Union. … Je pars du principe que le gouvernement connaît les sondages selon lesquels une écrasante majorité des Magyars veut rester dans le giron européen. Même si le gouvernement avait l’intention de le quitter, il défendrait une cause perdue. … Les référendums sont avant tout des instruments de prévention qui ont pour rôle d’empêcher que les citoyens n’aient le sentiment que les choses sont décidées par-dessus leurs têtes. … Ce n’est pas pour rien que l’on organise des référendums, moyen le plus probant de légitimer les décisions.»
Sans réfugiés, pas d'adhésion
Si une majorité de Hongrois décidait de rejeter l'accueil des réfugiés, Budapest devra en tirer les conséquences et quitter l'UE, prévient Público :
«En vertu du mécanisme visant à répartir 160 000 réfugiés entre les différents Etats, la Hongrie serait tenue d'accueillir 1 294 personnes, actuellement hébergées en Grèce et en Italie. Un chiffre dérisoire pour un pays de dix millions d'habitants. Après la campagne pugnace menée par Orbán, il est probable que le non l'emporte. Le cas échéant, il faudra au moins que la Hongrie se montre aussi cohérente que la Grande-Bretagne et reconnaisse qu'il est impossible d'avoir une adhésion 'à la carte' - à savoir choisir certains avantages en rejetant le reste. Et le reste, en l'occurrence, c'est la solidarité !»
Un référendum absurde
Le référendum hongrois sur la répartition des réfugiés dans l’UE n’est que pur populisme, s’agace le chroniqueur András Stumpf sur le portail d’opinion Mandiner :
«Quelles seraient les conséquences d’un référendum valable et réussi ? Le Parlement voterait une loi qui reflète la volonté du peuple. Dès lors, qui le résultat d’un référendum engagerait-il ? Le Parlement hongrois. Et personne d’autre. Sûrement pas Bruxelles. Or la situation actuelle est la suivante : les représentants du gouvernement sont bien entendu majoritaires au Parlement. Ils pourraient adopter à l’envi des lois du genre : Bruxelles n’a pas le droit de nous imposer qui nous devons accueillir. La position des partis au gouvernement est bien connue : ils ne veulent pas d’intégration forcée des réfugiés. Selon les sondages, une écrasante majorité du peuple y est également opposée. Conclusion : ce référendum est entièrement superflu.»
Les europhobes dans le sillage du Brexit
Pour El Mundo, le référendum hongrois est une véritable impudence :
«Il faut faire comprendre à Budapest qu'une telle infraction des règles ne sera pas sans conséquences. Le résultat du référendum ne changera rien, car il s'agit là d'une question sur laquelle seule Bruxelles est compétente. La Cour de justice de l'UE pourrait invalider toute décision qui serait contraire aux engagements passés avec l'UE. ... Dans le sillage du Brexit, ultranationalistes, populistes, antieuropéens et racistes essayent de substituer à des décennies de fraternité communautaire et d'accords diplomatiques des consultations fortement démagogiques. Organisé le 2 octobre, ce référendum coïncidera avec la réitération du second tour des présidentielles autrichiennes. Le rêve européen est en jeu. Il faut veiller à ce qu'il ne se transforme pas en cauchemar.»
Orbán remet la crise de réfugiés au goût du jour
Le Premier ministre Viktor Orbán a le mérite de relancer un débat important, fait remarquer Der Standard :
«En dehors de la Hongrie, il faut lui être reconnaissant de remettre sur le tapis le thème des réfugiés, quasiment éclipsé par le Brexit, les attentats terroristes en Turquie et l’annulation des présidentielles autrichiennes, qui devront être réorganisées. L’UNHCR a récemment fait état de chiffres repartis à la hausse sur la route des Balkans. Et les 70.930 réfugiés enregistrés par l’Italie au premier semestre 2016 ne sont que très légèrement inférieurs à ceux enregistrés sur la même période l’an dernier, année record. Rome a fait savoir que pour l’instant encore, elle réussissait à apporter le nécessaire aux réfugiés. Mais jusqu’à quand ?»
Retrouver enfin la souveraineté nationale
Le référendum hongrois va dans le sens d'un renforcement de la souveraineté des Etats européens, affirme le journal conservateur Dimokratia :
«Le processus de délitement de cette structure supranationale rigide appelée Union européenne est imputable à une caste d'Allemands à l'image de M. Schäuble. ... Le référendum hongrois constitue un chapitre important dans l'histoire européenne de la libération des fers de l'hégémonie allemande. ... L'aventure grecque, l'absence de légitimation des institutions européennes, le Brexit et l'intransigeance de Berlin ont donné à réfléchir à des millions d'Européens. Les citoyens veulent redevenir maîtres chez eux et présider aux destinées de leur pays par le biais de leurs élus. Ce référendum pourrait en appeler d'autres. L'émancipation des peuples et des pays d'Europe approche.»
Contrairement à Merkel, Orbán consulte son peuple
Contrairement au Premier ministre Viktor Orbán, les chefs de gouvernement occidentaux, notamment allemand et autrichien, n’ont pas consulté le peuple souverain pour légitimer leur politique, pointe le politologue Péter Farkas Zárug dans l’hebdomadaire conservateur Demokrata :
«Tout le monde accable Orbán de critiques, l’accusant de n’être ni européen, ni chrétien, ni bien sûr libéral. Il essuie toutes ces critiques parce que pour protéger son peuple, il a fait ériger une clôture frontalière ; pour protéger ce peuple qui a expressément fait savoir qu’il ne voulait pas accueillir durablement sur son territoire des migrants musulmans qu’il devrait prendre en charge. Mais Merkel a-t-elle consulté les Allemands, Faymann les Autrichiens ou Hollande les Français pour savoir s’ils souhaitaient accueillir des réfugiés musulmans ? Non ! Aucun des décideurs européens occidentaux n’a jamais obtenu du peuple pareil mandat. Leur politique migratoire est donc dénuée de toute légitimité.»
Seul un référendum peut déjouer l'islamisation
Les Hongrois montrent la marche à suivre, estime le magazine d'information national-conservateur wSieci, qui préconise la tenue d’un référendum en Pologne :
«A l’instar d’Orbàn, nous devrions organiser en Pologne un référendum sur la prise en charge de réfugiés. Car rien n’est aujourd’hui plus important que la protection de l’Europe et de notre pays face à la perspective d'une islamisation dans une ou deux générations. De plus, partout en Europe, nous ne sommes pas en mesure de nous protéger face à la folle politique des idéologues de gauche. C’est pourquoi nous devons protéger la Pologne par tous les moyens. Si Bruxelles devait faire pression sur cette question, un 'non' clair et net à l’immigration en masse de réfugiés conforterait la position du gouvernement PiS.»
Orbán s'en prend aux valeurs fondamentales de l'Europe
Avec ce référendum, Orbán instrumentalise sans vergogne les principes démocratiques et fait preuve d’un égoïsme sans bornes, critique le quotidien libéral Jutarnji list :
«Vu la question posée, on peut d’ores et déjà prédire l’issue du référendum. Car peut-on vraiment répondre autrement que par la négative à la question : 'Voulez-vous que l’on vous impose quelque chose contre votre volonté ?' Or c'est bien ainsi que devrait être rédigée la question à laquelle sera appelé à répondre le peuple hongrois. … Un référendum correspond à la déclaration de volonté démocratique d’un peuple, et c’est une bonne chose ; mais dans ce cas précis, le procédé est dévoyé. Lors de leur adhésion à l’UE, Hongrois, Polonais, Slovaques et autres ont rejoint une famille avec laquelle ils affirmaient partager les mêmes valeurs fondamentales. Or ils demandent aujourd’hui la reconnaissance de leur spécificité et la préservation de leur identité. En mettant en scène ce référendum, Viktor Orbán s’en prend au fondement même de l’Union : la solidarité.»
De l'UE, il ne restera bientôt plus rien
L’UE aura bientôt changé au point d’en devenir méconnaissable, redoute le quotidien libéral Gazeta Wyborcza au vu des projets que nourrit Budapest :
«L’issue du référendum ne fait dès le départ pas l’ombre d’un doute. … Le gouvernement pourrait tout aussi bien demander aux citoyens s’ils veulent pour toujours rester beaux et jeunes. … Ce référendum a vocation à soutenir l’image qu’Orbán veut se donner de lui : celle d’un dirigeant soucieux de la sécurité de ses compatriotes. Peut-être réussira-t-il à préserver cette image jusqu’à 2018, date des prochaines législatives dans le pays - qu’il veut fort probablement à nouveau remporter. Reste à savoir le visage qu’aura l’Europe à ce stade-là. La crise des réfugiés pourrait la transformer irréversiblement. Le démantèlement de l’espace Schengen devient de plus en plus probable. Le refus par les pays du PECO d’assumer leur part de responsabilité dans la question des réfugiés pourrait y contribuer.»