Loi travail : Valls passe en force
Le Premier ministre Manuel Valls a eu recours au 49-3 pour faire adopter sans vote du parlement la très controversée Loi travail en deuxième lecture. Avec un camp socialiste profondément divisé, le gouvernement ne peut plus s'appuyer sur une majorité sûre. Quelles conséquences l'inflexibilité du Premier ministre aura-t-elle sur le pays ?
Matignon menace la cohésion sociale
Par son intransigeance, le gouvernement ne cesse de creuser le fossé entre le pouvoir et les citoyens, estime Caroline De Haas, à l'origine d'une pétition contre la Loi travail, sur son blog hébergé par le site Mediapart :
«Je suis inquiète de voir le décalage entre la force que nous avons soulevée ensemble tout au long de ces cinq mois de mobilisations et l'incapacité des responsables politiques de comprendre ce qui se passait. La rupture entre nous et eux est tellement profonde qu'elle emporte avec elle toute la classe politique. D'un tel déni démocratique ne peut sortir que du mauvais. Un gouvernement qui brutalise, méprise un mouvement social soutenu par 70 pour cent de la population renforce la défiance, le désespoir et le sentiment que notre voix, notre vote, ne sert au fond pas à grand chose. Un an avant une élection présidentielle, accentuer la rupture entre les citoyennes et citoyens et le monde politique comme ils le font aujourd'hui est irresponsable, dangereux. Et donc inquiétant.»
Une réforme plus nuisible qu'utile
Malgré un âpre combat, le gouvernement socialiste a accouché d’une réforme sans envergure qui, loin de créer des emplois - sa vocation première -, complique encore plus le code du travail français, déplore Le Figaro :
«Que reste-t-il au bout compte de cette loi censée créer des milliers d'emplois? La possibilité limitée, encadrée, millimétrée de signer des accords d'entreprise nouveaux et une définition un peu plus précise du licenciement économique. Pour le reste, elle ajoute une nouvelle et épaisse couche de contraintes et de complexité dans le droit du travail, avec au passage un renforcement de la présence des syndicats, y compris dans les PME. … Désordre dans tout le pays, crise politique à gauche, 'enrichissement' du monstre réglementaire… La 'grande' réforme du travail restera peut-être comme le grand désastre d'un quinquennat qui prétendait agir pour l'emploi.»