Quel avenir pour la « jungle de Calais » ?
François Hollande a déclaré vouloir démanteler les camps de réfugiés tristement connus comme "jungle de Calais". Lors de sa première visite à Calais, il a annoncé son projet de vouloir déplacer les plus de 10 000 personnes installées dans ces camps vers d'autres centres d'accueil en France. Espérons que Hollande tienne sa promesse, soupirent certains commentateurs, qui critiquent son attitude hésitante.
Espérons que le président tienne parole
Le projet de Hollande est bien, mais encore faut-il qu'il soit réellement mis en œuvre, juge La Croix :
«Espérons que le président de la République avait de bonnes raisons de se risquer lundi à cette annonce. Car, en cas d’échec, cela contribuera une fois encore à discréditer la parole politique au seul bénéfice de partis extrémistes. Peut-être parie-t-il sur l’aboutissement d’une négociation avec la Grande-Bretagne qui, jusqu’ici, s’est contentée pour l’essentiel de financer des barrières. Si des canaux légaux d’émigration s’entrouvraient, il serait beaucoup plus facile de tarir les filières des passeurs et d’amener les migrants vers les centres d’accueil où l’on pourrait les conseiller sur la meilleure direction à prendre – qui n’est pas forcément celle de la Grande-Bretagne.»
Les hésitations de Hollande profitent à Sarkozy
Le dossier de Calais illustre de manière exemplaire que si Sarkozy était le candidat conservateur en lice pour les présidentielles, Hollande ne ferait pas le poids, prédit Público :
«Grâce au soutien actif de Hollande et à son inefficacité politique dans la gestion de sujets difficiles, il est tout à fait possible que Sarkozy redevienne président en 2017. Prenons l'exemple de Calais : Sarkozy s'y est déjà rendu à deux reprises, en promettant de fermer le camp et de rendre les frontières hermétiques à de nouveaux réfugiés (des propos qui sont naturellement bien accueillis par la droite et l'extrême droite en France). ... Hollande n'était jamais venu à Calais, et il vient de se rendre non pas au camp des réfugiés, mais dans la ville. Il a promis de démanteler le campement avant l'hiver. Sarkozy quant à lui, s'il est réélu, entend résoudre le problème d'ici l'été 2017. Sarkozy exulte, tandis que le président en exercice Hollande est plus hésitant, car il a bien conscience qu'il est impossible de déplacer tant de personnes.»
Marine Le Pen a le vent en poupe
Avec leur discours de plus en plus ferme au sujet des réfugiés, les socialistes français réconfortent l'extrême droite, critique The Guardian :
«La dirigeante du Front National, Marine Le Pen, ne peut que profiter de ce changement de cap regrettable. Selon des récents sondages, elle arrivera avec une grande probabilité au deuxième tour des présidentielles en 2017. Quant à la gauche, elle est tellement divisée qu'elle semble n'avoir actuellement aucune chance de se retrouver au second tour. Tout comme pour les socio-démocrates européens dans leur ensemble, les élus français à gauche du centre se voient de plus en plus confrontés à une fuite de leurs électeurs. Les voix des modérés sont maintenant attirées par un outsider, Emmanuel Macron, cet ancien banquier âgé de 38 qui a démissionné il y a un mois de son poste de ministre de l'Economie pour fonder le mouvement 'En Marche!'»