La Grèce est-elle vraiment tirée d'affaire ?
Les ministre des Finances des pays de la zone euro ne débloqueront dans un premier temps qu'une partie de la nouvelle tranche de crédit destinée à la Grèce. Athènes recevra 1,1 milliard d'euros, tandis que les 1,7 milliard restants devraient être versés d'ici fin octobre. Les commentateurs appellent les créanciers à prendre une décision claire sur la question de la dette.
La situation de la Grèce est désespérée
Si l’on ne parvient pas à un accord sur la dette, les médias estiment que la Grèce pourrait être obligée de quitter l’Union monétaire. Le portail économique Capital brosse un bien sombre tableau de l’avenir du pays :
«Presque sept ans après la banqueroute de 2010, la Grèce est encore au bord du gouffre, rien n’a changé. Après le revirement de Tsipras sur la politique d’austérité à l’été 2015, le gouvernement essaie de présenter le retour sur les marchés comme le prochain objectif de réussite. Autrement dit, ramener en 2017 ou en 2018 le pays au niveau où il était en 2014. Tout cela indique le retour des menaces d’un effondrement de l’économie grecque et d’un nouveau traumatisme de la société grecque. Les douze mois à venir seront particulièrement critiques pour le sort de la Grèce au sein de la zone euro et de l’UE, mais aussi pour le sort de la zone euro et de l’UE elles-mêmes. Les développements dans la région montrent que les années à venir seront également décisives pour l’intégrité territoriale du pays.»
Maintenir la pression sur les pays en crise
La ministre suédoise des Finances a appelé l'UE à rester intransigeante dans ses exigences vis-à-vis des pays en crise. Le journal Sydsvenskan lui donne raison :
«L'économie européenne est chancelante. Outre l'Espagne et le Portugal, l'Italie et la Grèce sont également en difficulté. Il faut certainement des investissements de la part de l'UE et une révision du cadre économique général, notamment pour relancer la croissance européenne. Mais cela ne suffira pas pour des pays nécessitant des réformes structurelles. Sur le long terme, il sera difficile de préserver et de défendre une Union dans laquelle le fait de violer les règles ne comporte aucun risque en soi pour les Etats membres. Que faire d'une UE dont le corpus de règles serait essentiellement symbolique ? C'est ce que demanderont les citoyens, tôt ou tard. Les dirigeants de l'UE doivent faire en sorte que les avantages de l'UE ne puissent découler que du respect de certaines conditions.»
Le jeu sadique de Berlin avec Athènes
Le journal Dimokratia déplore qu'une partie seulement de la nouvelle tranche de crédit ait été débloquée :
«Personne n'a été surpris que se rejoue le petit jeu sadique de 'la prochaine tranche'. Certains y voient une comédie, d'autres une interminable tragédie. Les Allemands ne donnent qu'au compte-gouttes et font main basse, de façon incontrôlable, sur tout ce qu'ils trouvent et tout ce qu'on leur offre. Le morcellement des versements et l'octroi de crédits sous certaines conditions, alors même que tout ce qui avait été convenu a été mis en œuvre, tout cela permet aux Allemands de garder le contrôle - c'est ce qu'ils aiment, c'est même leur mantra. Aucun des collaborateurs de Merkel, Schäuble le premier, ne veulent voir les Grecs reprendre courage. Car si la victime a constamment la tête sous l'eau, les agresseurs n'ont pas à craindre la moindre résistance.»
Il y aura bien une remise de dettes
C'est uniquement pour sauver les apparences que l'Allemagne s'oppose à une remise de dettes pour la Grèce, souligne Die Presse :
«Il faut une grande initiative plutôt que les petites mesures de ces huit dernières années. Elle peut prendre la forme d'un nouveau départ après une faillite de l'Etat, ou bien celle d'une remise de dettes tout aussi douloureuse pour l'ensemble des créanciers. Si l'incertitude persiste, un nombre croissant d'entreprises vitales prendront le large. Le gouvernement à Athènes tente de se défaire de ses responsabilités, en se référant aux recommandations du FMI. Et le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, ne fait que jouer la montre : il sait que les ministres des Finances de la zone euro ont depuis longtemps promis au FMI qu'ils procèderont à partir de 2018 aux allègements nécessaires de la dette. A cette date, les élections au Bundestag seront passées, et il sera à nouveau possible de prendre des décisions impopulaires.»
Le pire scénario pour la Grèce
Le journal économique Naftemporiki fait part de ses inquiétudes quant à une possible sortie du FMI du programme d'aide à la Grèce :
«La participation du FMI au financement et à la supervision du programme grec est incertaine. Le fonds prendra sa décision d'ici la fin de l'année. Ses responsables se pencheront au préalable sur les paramètres du programme et surtout sur la viabilité de la dette. Le gouvernement hellénique s'en inquiète, car il perdrait alors un 'allié' de taille dans la lutte pour son objectif principal, à savoir la réduction de la dette. Il partait du principe que dans les prochaines négociations, les exigences relatives aux réformes structurelles seraient moins rigoureuses. C'est un scénario catastrophe, car si le FMI s'en va, les dettes resteront, et il faudra mettre en œuvre encore plus de réformes douloureuses.»
La faute au néolibéralisme
La Grèce a besoin d'un nouveau modèle économique pour se redresser après ces longues années de crise, assure le quotidien Večer :
«Le FMI et les créanciers européens continuent toujours de privilégier des mesures néolibérales qui n'ont pas apporté les résultats escomptés ces six dernières années. Si ces mesures ont ruiné les citoyens grecs lambdas, les quelques riches ont su préserver leurs privilèges et leur patrimoine, et certains se sont mêmes enrichis, en rachetant pour une bouchée de pain les actifs bradés dans le cadre du programme de privatisations imposé par les créanciers. Dans le système capitaliste, où le profit compte plus que la personne, il ne peut y avoir de solution pour la Grèce. La crise de l'euro est toujours là. Il s'agissait d'un simple répit, comme celui que connaît la Grèce depuis des mois. La crise de 2008 n'a visiblement pas été un motif suffisant pour favoriser la transition vers un système économique plus équitable.»