Pourquoi les élèves européens sont-ils mauvais en maths ?
Tous les quatre ans, l'étude TIMSS fait l'évaluation à l'échelle mondiale des compétences en mathématiques et en sciences des élèves de CM1. Tandis que les pays d'Asie de l'Est occupent depuis longtemps le haut du tableau, c'est la Russie qui prend la tête du classement européen cette année. Les résultats des élèves d'Allemagne, de Finlande et des Pays-Bas ont régressé par rapport à 2011. L'apprentissage de techniques de calcul est négligé en Europe, s'indignent les éditorialistes.
Ne pas sacrifier les maths sur l'autel des compétences sociales
Selon l’étude Timss, les élèves allemands ont eux-aussi régressé en calcul. Leur niveau est inférieur à la moyenne de l’OCDE et de l’UE. Il n’y a rien d’étonnant à cela, car les écoles s’occupent de tout sauf d'arithmétique, critique Die Welt :
«Elles intègrent des réfugiés, s’efforcent vertueusement d’inclure les handicapés et s'emploient à mettre en place des stratégies d’évitement de la violence, du harcèlement sur Internet ou encore des médiations pour résoudre les conflits. Dans certaines Länder, un enseignement dans des groupes d’âges mixtes rend les classes encore plus hétérogènes. Cet univers scolaire haut en couleur encourage sans aucun doute chez les garçons et les filles un grand nombre de compétences sociales - au détriment de l'apprentissage. En Allemagne, beaucoup de responsables politiques chargés de l’éducation se désintéressent depuis longtemps de l’excellence dans les écoles. Ils préfèrent propager la philosophie de la même éducation pour tous. Mais comme il est illusoire de croire que les enfants atteignent le plus haut niveau, on assiste à un subreptice nivellement vers le bas.»
Les parents sont de piètres modèles
La valeur même de l’apprentissage est en perte de vitesse dans la société, déplore Karjalainen :
«Ni les efforts des écoles, ni une excellente formation des enseignants ne sera du moindre secours sans évolution du climat social. Malheureusement, on ne décèle aucun signe d’évolution - ce serait plutôt le contraire. L'attitude négative envers l’école, l’apprentissage et les autorités s’accentue. Il devient de plus en plus compliqué de saisir l’importance des compétences de lecture et de calcul quand on peut tout faire sur Internet. Les compétences de lecture sont considérées comme superflues. On ne lit pas de livres car les films, les médias sociaux et la téléréalité sont trop chronophages. … Les compétences de calcul, sans aller jusqu’à parler d’une compréhension approfondie des mathématiques, sont considérées comme superflues car la calculatrice et le téléphone sont toujours à portée de main. L’école traverse une situation difficile. Comment pourrait-elle convaincre les enfants de l’utilité d’apprendre quand une grande partie des parents n’en est elle-même pas convaincue ?»
Un soutien en maths pour les parents
Une amélioration des résultats des élèves en mathématiques passe nécessairement par les parents, estime Aftonbladet :
«Le contexte socioculturel des parents a une influence sur l’aide dont les enfants peuvent bénéficier à la maison. Plus les parents sont à l’aise avec les programmes scolaires, mieux ils peuvent venir en aide à l’enfant. Ceci s’applique notamment aux mathématiques. On ne peut pas délier l’école de sa responsabilité d’assurer l’égalité des chances. Mais dans un même temps, il faut mobiliser toutes les forces susceptibles d'améliorer les résultats scolaires. … Pourquoi ne pas appeler à l’aide la société civile et les institutions de formation continue ? Un conseil au ministre de l’éducation : doter de quelques millions les institutions de formation continue afin de rafraîchir les connaissances en mathématiques des parents pour les encourager à aider leurs enfants. Et à l’issue du prochain Timss, nous pourrons peut-être parler d’une tendance inversée.»
Trop peu pour une nation du savoir
Les améliorations enregistrées dans l'évaluation du niveau en mathématiques sont encore insuffisantes, écrit Göteborgs-Posten :
«Les enseignants et les élèves ont bien sûr toute raison d’être satisfaits que la tendance négative qui dure depuis 20 ans en mathématiques semble s’être inversée. Mais la politique et la société ont encore un long chemin à parcourir avant d'arriver enfin à une école qui fasse honneur à un pays qui affirme être une nation du savoir. Une nation qui a un système scolaire médiocre ne pourra jamais être une nation industrielle et un Etat providence de premier rang.»