Bruxelles donne son feu vert au péage autoroutier allemand
A l'issue d'un débat de plusieurs années, Berlin et Bruxelles ont trouvé un terrain d'entente sur l'introduction d'un péage sur les autoroutes allemandes, moyennant un amendement du projet : une remise d'impôt substantielle pour les automobilistes allemands propriétaires de voitures peu polluantes. Les étrangers devraient eux-aussi être mis à contribution proportionnellement à leur consommation. Le projet doit désormais être avalisé par le Bundestag, et les commentateurs doutent que les parlementaires l'acceptent.
L'accord sur le péage est une farce
Il n'est pas dit que le Bundestag avalise un projet qui ne rapportera pas de recettes budgétaires substantielles, juge Neue Zürcher Zeitung :
«L’idée de financer l’entretien des chaussées par les usagers n’est pas mauvaise. La redevance imposée aux poids lourds en Suisse ouvre la voie. Plus on parcourt de kilomètres, plus on use la chaussée et plus on devrait contribuer aux frais d’entretien. Mais en Allemagne, pour des raisons de protection de la confidentialité des données, personne ne veut entendre parler d’enregistrement électronique des véhicules ; on en reste donc à un péage forfaitaire. Les exploitants privés d’autoroutes, comme en France, sont tabous, comme cela est à nouveau ressorti d’un débat sur [l'éventuelle création d'] une société de gestion des autoroutes. Du reste, si l’on a véritablement besoin de plus d’argent pour l’infrastructure routière, une hausse de un centime par litre de la taxe sur les carburants rapporterait plus d’argent et serait bien moins bureaucratique.»
Seuls les étrangers paieront
Deutschlandfunk doute lui aussi de la légitimité du nouvel accord sur le projet de péage autoroutier :
«Avec le nouveau modèle, beaucoup d’automobilistes allemands ne devront pas dépenser un centime. Les automobilistes propriétaires de véhicules peu-polluants conformes à la norme euro 6 bénéficieront d’une remise sur l’impôt sur les automobiles supérieure au prix de la vignette. … Et quand bien même il resterait un petit excédent pour l’Etat au bout du compte, on ne peut en aucun cas dire que le péage automobile apporte une contribution substantielle au financement de l’infrastructure, comme l’avait annoncé haut et fort Alexandre Dobrindt, [ministre allemand des Transports]. Seul le partenaire de coalition SPD ou la Cour de justice de l'UE pourraient encore faire barrage à ce monstre de bureaucratie. Car en fin de compte, même dans sa dernière mouture, le péage automobile allemand devra être exclusivement financé par les étrangers.»