Gazoduc Nord Stream 2 : du rififi en Suède
La commune de Karlshamn, en Suède méridionale, a mis son port à disposition pour la construction du projet controversé de gazoduc Nord Stream 2. Cette conduite est censée acheminer le gaz russe vers l’Allemagne à partir de fin 2019. Si le gouvernement suédois a fait part de son mécontentement, invoquant les risques pour la sécurité du pays, Karlshamn table sur des recettes de plusieurs millions et la création d’emplois. Stockholm aurait-elle dû empêcher l’initiative de la ville portuaire ?
La Suède ne doit participer à ce projet
Il est tout à fait honteux que la ville de Karlshamn mette son port à disposition pour la construction du gazoduc russe, s’offusque Aftonbladet :
«Le secteur énergétique russe est directement lié à l’Etat et donc à Vladimir Poutine. Le gaz et le pétrole relèvent de la politique de sécurité. Avec la construction du gazoduc Nord Stream 2, la Russie bénéficiera de fonds pour acheter des armes et aura une influence politique directe sur l’Europe occidentale. Rien de tout ceci n'est dans l’intérêt de la Suède. Par ailleurs, 'l’arme énergétique' fait partie d’une stratégie russe plus vaste, dont l’objectif consiste à influencer la politique des Etats voisins. L’idéal serait de stopper totalement la construction du gazoduc ; et si cela est impossible, la Suède doit au moins s’abstenir de participer à sa construction, de quelque façon que ce soit.»
Le raté du gouvernement suédois
Il existe un net conflit d’intérêt entre les communes concernées et l’Etat suédois, analyse Sydsvenskan, qui déplore la gestion incompétente du gouvernement :
«Les objectifs municipaux passent avant les intérêts liés à la politique sécuritaire, et l’autodétermination des communes constitue la formulation formelle de ce principe. Or tout ceci ne se serait pas vraiment passé ainsi si le gouvernement avait traité la question avec sérieux dès le départ. Bien que le projet de gazoduc ait été connu depuis longtemps, le gouvernement n’a convoqué les communes concernées - Karlshamn et Gotland - qu’à la mi-décembre. … Or le cabinet n’est pas compétent pour intervenir dans le dossier. Selon [le ministre de la Défense] Peter Hultqvist, le gouvernement s’est penché sur la question de savoir s’il pouvait changer quelque chose à cette situation juridique, mais ceci prendrait trop de temps. Maintenant, les ministres s’efforcent de minimiser l’affaire.»