L'Allemagne refuse de livrer des armes à la Turquie
Ces derniers mois, le gouvernement allemand s'est opposé à plusieurs exportations d'armes à destination d'Ankara. Une décision qui aurait été motivée par la situation des droits de l'homme en Turquie après le putsch avorté et par le conflit kurde. En temps normal, les ventes d'armes à des pays membres de l'OTAN sont avalisés d'office. Berlin a trouvé le point névralgique d'Erdoğan, se félicitent certains médias, tandis que les journalistes turcs favorables au gouvernement crient au torpillage de la lutte anti-terroriste menée par Ankara.
Le talon d'Achille d'Erdoğan
Le rejet des exportations d'armes par l'Allemagne en Turquie est la réponse la plus efficace à la rhétorique d'Erdoğan, estime Hospodářské noviny :
«L'épisode des exportations d'armes pointe le talon d'Achille de la politique d'Erdoğan. La Turquie peut envenimer la rhétorique de ses relations avec l'Europe tant qu'elle le voudra. Mais elle pourra difficilement changer l'état de fait que les Etats de l'UE sont les principaux investisseurs en Turquie. Si les menaces verbales entraînaient un véritable schisme, cela pourrait revenir très cher à l'économie turque, compte tenu de ses déboires actuels. Les relations avec la Russie de Poutine ont montré qu'Erdoğan était capable de renouer avec le pragmatisme. Mais l'histoire abonde d'exemples où un fossé creusé à coup d'invectives reste béant et impossible à combler par la suite.»
Berlin enraye la lutte antiterroriste menée par Ankara
Les arguments invoqués par l'Allemagne pour refuser les livraisons d'armes sont une atteinte à l'Etat turc vocifère le journal pro-gouvernemental Sabah :
«L'Allemagne veut par là entraver la lutte contre les organisations terroristes livrée sur le sol turc. ... Vous vous le rappellerez peut-être, avant la tentative de putsch, beaucoup d'Etats occidentaux - dont l'Allemagne - avaient reproché à la Turquie de ne pas combattre suffisamment Daech. ... Oui, les plumes des médias occidentaux mainstream sont même allées jusqu'à diffuser éhontément le mensonge selon lequel la Turquie soutiendrait Daech. Suite au [putsch avorté du] 15 juillet, l'Etat a pris la mesure de la nouvelle menace et engagé une lutte très efficace contre Daech, allant de pair avec les purges contre le FETÖ [mouvement Gülen]. Nul autre pays n'a mené contre Daech une guerre aussi acharnée que ne l'a fait la Turquie. Et ce sans le soutien du moindre pays occidental.»