Finlande : scission de l'extrême droite
La crise gouvernementale finlandaise semble être jugulée. Le Premier ministre Juha Sipilä ne souhaitait plus gouverner avec les Vrais Finlandais, car leur nouveau président, Jussi Halla-aho, menaçait de durcir encore leur ligne radicale. Mais voilà que vingt députés du parti populiste de droite viennent de quitter le parti pour fonder le groupe parlementaire "Nouvelle Alternative", favorable à une poursuite de la coalition. Le gouvernement a-t-il retrouvé la stabilité ?
Après l'orage, l'embellie
Pour Keskisuomalainen, la coalition sortira plus forte de cette crise :
«Le gouvernement poursuit son travail de mise en œuvre du programme actuel en s’appuyant sur une base suffisamment large. Dès aujourd’hui, le gouvernement bénéficie du soutien de 106 députés [sur 200 au Parlement], car le groupe de la Nouvelle Alternative compte aujourd'hui 20 députés . … Tout porte à croire que le gouvernement du Premier ministre Juha Sipilä dirigera le pays - qui connaît actuellement la croissance - jusqu’au terme de cette législature. Il va probablement pouvoir s’attacher à mettre en œuvre les réformes stipulées dans le programme gouvernemental. Si un certain nombre de formalités reste à franchir, le gouvernement est très fort aujourd'hui.»
L'extrême droite bientôt renforcée ?
L’expulsion des Vrais Finlandais pourrait même leur être profitable, donne à penser Ilta-Sanomat :
«Le Parti du centre et le Parti de la Coalition nationale se sont débarrassés des Vrais Finlandais en les envoyant dans les rangs de l’opposition. C’est de là qu’en 2011, après une victoire écrasante, ils étaient devenus un des plus grands partis du pays. Après avoir passé vingt ans dans l’opposition à se construire une base, ils ont perdu tout crédit en l’espace de deux ans au pouvoir. Envoyer les Vrais Finlandais dans l’opposition est le meilleur moyen pour le Premier ministre Juha Sipilä et le ministre des Finances Petteri Orpo de mettre sur pied une coalition capable de travailler. Mais c’est aussi le meilleur moyen pour le nouveau chef de file des Vrais Finlandais, Jussi Halla-aho, de retransformer en parti d’opposition fort un parti au pouvoir affaibli.»
Un épisode édifiant, y compris pour l'Estonie
Les politiques estoniens doivent tirer les enseignements de la crise gouvernementale finlandaise, notamment en ce qui concerne la façon d'aborder les partis radicaux :
«Au sein de la coalition gouvernementale, le parti des Vrais Finlandais a dû mettre de l’eau dans son vin, ce qui lui a valu une perte de popularité. Désormais, il met à nouveau en avant ses positions radicales. Ceci a précipité le gouvernement dans une crise car les partenaires de coalition ont fait savoir qu’ils ne voulaient pas gouverner avec un parti dirigé par Halla-aho. Nous devrions tirer les leçons de cet épisode édifiant, surtout le Parti de la réforme [libéral], qui, pour la première fois, n’exclut pas de former une coalition avec l’équivalent estonien des Vrais Finlandais, le parti EKRE. Que ce soit au gouvernement ou dans la capitale : en cas de coalition avec l’EKRE, toutes les parties prenantes devraient avaler la pilule. Une pareille coalition ne peut tenir sur la durée.»