Sanctions financières de l'UE contre des géants du numérique

L'UE demande à deux groupes technologiques américains de passer à la caisse : Apple devra s'acquitter d'une amende de 500 millions, tandis que Meta se verra sanctionné de 200 millions d'euros. Faisant valoir que ces groupes ont enfreint le règlement sur les marchés numériques (DMA), adopté en 2022, la Commission a agi conformément à cette législation. Celle-ci oblige notamment les géants du numérique à ouvrir leurs plateformes à la concurrence. Les médias européens soutiennent cette décision.

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El País (ES) /

La régulation, force de l'Europe

El País est fier de l'UE :

«L'UE a toujours eu un rôle régulateur, le reste du monde reprenant ses réglementations par ricochet, sous l''effet de Bruxelles' : des normes juridiques exigeantes que les entreprises doivent respecter si elles veulent accéder à une clientèle potentielle de 450 millions d'européens. ... En matière de législation numérique, les Etats-Unis ont tendance à privilégier la liberté d'entreprise sans tenir compte des autres aspects, tandis que la Chine tente de combiner supériorité économique et contrôle social. L'Europe de son côté chercher à concilier droits fondamentaux et droits des consommateurs avec l'économie de marché et l'innovation. Pour préserver ces acquis, Bruxelles doit rester forte et imposer ses lois, en temps de paix comme en période de guerre commerciale.»

Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

L'UE doit se faire respecter

Ces amendes risquent d'attiser de plus belle le conflit commercial avec Trump, écrit Frankfurter Allgemeine Zeitung :

«Les amendes infligées relèvent de l'application du règlement sur les marchés numériques, le Digital Markets Act (DMA). ... Trump dénonce un énième exemple de discrimination injuste des entreprises américaines de la part de l'UE. ... La Commission est prise dans un dilemme. Elle a eu beau souligner, ces dernières semaines, que tout calcul politique était étranger aux décisions, prises dans le cadre d'une procédure ouverte il y a un an en stricte application des lois, les décisions n'ont pas été apolitiques. ... Il faut croire qu'après une posture européenne longtemps jugée trop conciliante dans le bras de fer douanier avec Trump, une majorité à Bruxelles a préféré faire preuve de fermeté.»

The Irish Times (IE) /

Ne pas se laisser intimider

Selon The Irish Times, Bruxelles ne doit en aucun cas céder aux pressions américaines :

«L'Union européenne se doit de prendre au sérieux, et surtout d'appliquer, sa régulation du secteur, qu'il s'agisse des pratiques anticoncurrentielles ou du contrôle des contenus. Les présomptions selon lesquelles les amendes infligées à Apple et Meta pourraient avoir été repoussées pour des raisons politiques sont de mauvais augure. La régulation européenne doit agir avec discernement, et il est justifié de vouloir en simplifier les procédures et en alléger les lourdeurs administratives. Mais les géants du numérique, qui réalisent des profits considérables en Europe, doivent s'y conformer. Le secteur technologique européen ne saurait être soumis à une régulation dictée par une logique de type 'Make America Great Again'.»