Taux directeurs : Draghi fait preuve d’attentisme
La BCE ne changera pour l'instant pas sa politique monétaire : elle maintiendra le taux directeur à son niveau historiquement bas de zéro pour cent, laissant en suspens la question d'un éventuel élargissement de son programme de rachat de dettes. Le chef de la BCE Mario Draghi a justifié sa décision par la volatilité de l'euro. Ne serait-il pas temps que la Banque centrale change sa politique de taux d'intérêt ?
La zone euro doit revenir à la normalité
L'ensemble de la zone euro serait prête à sortir de la politique d'assouplissement monétaire, insiste Die Welt :
«L'économie européenne est en plein boom, même l'Italie a surmonté la récession. Tout risque de déflation, autrement dit la crainte que les prix ne dégringolent sur toute la ligne, s'est dissipé. Quand les caisses de l'Etat sont bien renflouées de l'argent des impôts et que les affaires vont bon train pour les entreprises, les conditions sont réunies pour supporter au mieux un changement des taux d'intérêts. Le retour à la normalité dans la politique monétaire ne devrait en aucun cas être le souhait des seuls épargnants allemands. Au contraire, maintenant que la zone euro entre enfin dans une période faste, la BCE doit en profiter pour prendre ses dispositions. Si les intérêts stagnent éternellement à un niveau zéro, on manque de munitions pour faire face efficacement à une éventuelle prochaine crise.»
L'Allemagne et l'Autriche ne sont pas le centre du monde
Draghi continue à juste titre de miser sur la politique des faibles taux, estime Der Standard :
«En Allemagne comme en Autriche, la pression monte pour que Draghi amorce enfin la sortie du programme. Dans la perspective des Allemands ou des Autrichiens, cette revendication se justifie : dans les deux pays, la conjoncture est favorable, le taux de chômage est faible ou en baisse, l'inflation se situe autour des deux pour cent préconisés par la BCE. Mais les responsables de la Banque centrale doivent gérer la politique monétaire non pas de deux, mais de 19 pays. En Europe du Sud, en Espagne, Italie, Grèce, la reprise est plus fragile. Le taux de chômage reste élevé, il a même été en hausse en Italie en août. Personne ne sait exactement ce qui se passerait si la BCE arrêtait de racheter des dettes. Si la BCE donnait un coup de frein trop tôt, la reprise dans le Sud risquerait d'en pâtir.»
Draghi devrait annoncer la date du changement
La Banque centrale devrait communiquer clairement les éléments qui l'amèneraient à changer sa politique monétaire, appelle Financial Times :
«Au cours des derniers mois, le chef de la BCE Mario Draghi a dû marcher sur la corde raide. D'un côté, il devait rassurer les investisseurs et les gouvernements que la BCE préparait une sortie du programme de rachat de dettes. De l'autre côté, il devait s'assurer de ne pas perdre le contrôle du calendrier. ... En fin de compte, les banques centrales gagnent en crédibilité lorsqu'elles montrent le plus clairement possible leur objectif, comment elles entendent les atteindre et ce qui les motive à modifier leur politique monétaire. Sur les deux premiers points, la BCE dirigée par Draghi a été convaincante. Mais il doit garantir que la banque agisse également de façon transparente dans le troisième domaine.»
Redéfinir le rôle des banques centrales
La Stampa explique pourquoi les banques centrales doivent selon elle réviser leur politique monétaire :
«D'une part, les processus de transformation que connaissent actuellement les systèmes financiers et leur interdépendance au niveau mondial menacent la capacité des banques centrales à maintenir sous contrôle le crédit et les liquidités. D'autre part, l'influence exercée par les banques centrales sur l'inflation - surtout quand il s'agit de relever le taux de renchérissement - est entravée par le fait que les prix et les salaires suivent aujourd'hui une nouvelle dynamique due au progrès technologique et aux formes de concurrence qui n'existaient pas auparavant. C'est pourquoi les banques devraient revoir leurs stratégies.»