Paris veut réformer la SNCF
Le gouvernement français veut assainir sa compagnie nationale de chemins de fer, très déficitaire. L'ancien patron d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, qui avait été chargé de faire un rapport sur la SNCF, a présenté ses conclusions la semaine dernière. Parmi les mesures évoquées, les éditorialistes se penchent notamment sur la privatisation du secteur, la libéralisation du marché, ainsi que les conditions d'embauche des futurs employés.
Une modernisation nécessaire
Les propositions de Spinetta prévoient des mesures choc mais pleines de bon sens, se félicite Le Monde :
«Il s’agit notamment d’une remise à zéro, ou presque, des compteurs de la dette (qui serait reprise par l’Etat) pour que l’entreprise puisse assumer sereinement l’effort de modernisation de son réseau, dont les bugs à répétition ces derniers mois ne font que souligner l’urgence. En échange de quoi, la SNCF deviendrait une société anonyme à capitaux publics, ce qui mettrait fin à la possibilité de s’endetter quasiment sans limite comme c’est le cas aujourd’hui. Autre mesure explosive : la révision du statut des agents de la SNCF pour les nouveaux embauchés, qui se verraient ainsi privés notamment de la garantie de l’emploi et d’augmentations automatiques en dehors de toute logique économique.»
Matignon s'attaque à un pilier de la République
Libération juge pour sa part que les projets de réforme vont trop loin :
«Fin du statut des cheminots, fermeture ou régionalisation des lignes déficitaires, filialisation du fret, transformation en société anonyme, etc. La compagnie est promise à la modernité rentable et concurrentielle. Ce n'est pas la 'refondation' annoncée par Edouard Philippe mais tout bonnement la libéralisation de l'ancien service public dont rêve l'establishment technocratique depuis des lustres. Le 'nouveau monde' est un vieux projet. ... Il fallait à coup sûr faire quelque chose. La SNCF ploie sous l'endettement, le 'tout-TGV' a asséché les ressources du 'train du quotidien', certains avantages réservés à des salariés qui bénéficient de la garantie de l'emploi peuvent être contestés, même s'ils ont été rognés au fil des ans. Pourtant, on ne peut se déprendre d'un sentiment mélangé. La SNCF n'est pas seulement une société nationale. C'est un pilier de la République.»