Touch Me Not : polémique autour de l'Ours d'or 2018
Touch Me Not, le long-métrage provocateur de la réalisatrice roumaine de 38 ans Adina Pintilie, a créé la surprise en remportant l'Ours d'or à la Berlinale. Sur un mode semi-documentaire, ce film qui met en scène Laura et sa phobie des contacts physiques, aborde les variations et les limites de la sexualité. Malgré des critiques en partie très sévères, les éditorialistes saluent le courage de l'innovation.
Avoir le courage de la modernité
L'antenne roumaine de la Deutsche Welle prend la défense du film et de sa distinction :
«De peur que l'image du pays ne s'en trouve entachée, d'aucuns jugent le film et le rejettent sans même l'avoir vu ; sur la base de critiques occidentales défavorables. … Ils devraient accepter que sans liberté, l'art dépérit, que nous risquons de retomber dans le Moyen-Age et qu'il est difficile d'appréhender le phénomène de la sexualité sur les plans éthique et esthétique avec des notions strictement chrétiennes. Si l'on manque le coche de la modernité parce que l'on n'a pas le courage de prendre des libertés artistiques, nous sommes condamnés à l'échec en tant que nation. Quand le comprendrons-nous enfin ?»
Les Bulgares se parent des plumes du paon
A lire les échos de la presse bulgare sur le film Touch Me Not, on pourrait croire que ce sont les coproducteurs bulgares qui ont remporté l'Ours d'or, écrit 24 Chasa non sans une certaine honte :
«Pourtant, la participation bulgare se limite à un soutien financier et logistique ainsi qu'à une jolie actrice dans un second rôle. … Nous avons beau haïr les Roumains de toutes nos forces, il faut reconnaître qu'en matière de longs-métrages, ils en savent un peu plus que nous. ... Cette habitude que nous avons de nous arroger les mérites d'autrui est on ne peut plus provinciale ; c'est une relique de la phase finale du communisme, où l'on n'hésitait pas à affirmer que John Atanasoff avait inventé l'ordinateur et Petar Petrov la montre électronique.»