La classe politique se prépare aux élections européennes
Après la pause estivale, la vie politique reprend dans l'UE sous le signe des européennes de mai 2019. Les tractations autour de l'attribution des postes clés de l'UE a commencé, tandis que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, poursuit la procédure de suppression du changement d'heure dans l'Union. Deux camps distincts se mettent en ordre de marche, selon les éditorialistes.
Un duel Macron-Orbán
Selon De Volkskrant, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre hongrois Viktor Orbán incarnent la polarisation qui caractérisera les prochaines élections européennes :
«Orbán envisage ces élections en chantre de la culture chrétienne contre le multiculturalisme, en pourfendeur de l'immigration, en champion de l'Europe des Etats-nations face à l'Union fédéraliste. ... Selon le Premier ministre hongrois, les élites, et particulièrement celles de '1968', sont responsables de tous les maux. Il veut rectifier le tir et avec le virage à droite qu'on observe en Autriche, en Italie et aussi un peu en Allemagne, il a le vent en poupe. ... Macron est prêt à relever le défi, avec à ses côtés d'autres forces progressistes, apôtres comme lui d'une Europe consolidée et de sociétés ouvertes et plurielles. Reste à voir comment il compte s'y prendre.»
Les populistes passent à l'offensive
Les leaders populistes, menés par le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini et le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, s'apprêtent à dominer le Parlement européen, lit-on dans l'hebdomadaire roumain Revista 22 :
«Le problème, c'est que les deux parties de cette alliance utilisent l'immigration comme un tremplin pour mettre en œuvre leur agenda foncièrement antilibéral et autoritaire. Si l'objectif premier d'Orbán est la consolidation d'un régime autoritaire et corrompu, celui de Salvini consiste à mettre en place un pareil système. ... Plus les conservateurs européens reporteront la confrontation avec les populistes extrémistes, plus il sera compliqué d'éviter la disparition de l'Europe libérale.»
L'Europe qui 'délivre'
Pour avoir les faveurs des citoyens et les inciter à voter, l'UE doit s'efforcer de mieux expliquer quels sont les avantages qu'elle procure, explique l'économiste François Meunier sur la plateforme de débat Telos :
«Ce dont l'Europe manque, ce sont de bons projets, parfois technocratiques mais utiles aux populations et adossés à une bonne communication. Ce que demandent les 'peuples', notion chargée de tous les sens qu'on veut bien y mettre, c'est de faire, c'est-à-dire d'avoir des domaines de compétences où l'Europe 'délivre', pour user de l'ambivalence de l'anglicisme. La politique de la concurrence, où parfois même un Google peut en rabattre, est un bon exemple et motif de fierté. Le futur GPS européen aussi. Les sujets ne manquent pas, des plus modestes aux plus ambitieux, allant du contrôle aérien aux normalisations écologiques en passant par la politique migratoire.»
'Nous' contre 'les autres'
Público s'attend à une joute électorale acharnée :
«Gouvernements et partis politiques se préparent à une année électorale européenne sans commune mesure avec les précédentes. ... Les gouvernements des pays de l'UE n'ont tiré aucun enseignement de la crise des réfugiés qui ébranle l'Europe depuis cinq ans maintenant, et qui a fait de l'immigration le sujet politique le plus controversé de l'agenda européen - amenant des changements majeurs dans le paysage politique du continent. ... Rien n'est encore réglé et les conditions préalables au développement d'une politique d'asile et d'immigration commune sont encore moins réunies aujourd'hui qu'au début de la crise. ... Il s'agira indéniablement d'un combat entre 'ouverture' et 'fermeture' - 'nous' contre les 'autres'.»
Les Européens fourbissent leurs armes
Ceux qui aspirent à une Europe chrétienne des nations s'opposent à Macron et Merkel, estime Magyar Hírlap, journal à la solde du gouvernement Fidesz :
«Macron, banquier d'investissement devenu investisseur politique, estime que les nations appartiennent au passé et que son projet des Etats-Unis d'Europe est le seul envisageable. Il souhaiterait devenir l'homme fort de l'Europe, en lieu et place d'une chancelière Angela Merkel affaiblie et qui lutte pour sa survie politique ; un dirigeant qui transformerait nos nations en une masse multiculturelle bariolée mais informe, pilotée de manière centralisée. Un projet dans lequel il se heurtera à la réticence des Hongrois, Polonais, Tchèques, Italiens, Autrichiens et Bavarois, mais aussi, espérons-le, de son propre peuple. Ce grand combat, qui durera jusqu'au mois de mai, vient de commencer.»
Chronique d'une mort annoncée
Jamais l'Europe n'avait elle été aussi profondément divisée, analyse Franco Venturini, expert en politique internationale, dans Corriere della Sera :
«En Italie comme dans d'autres pays de l'UE, les européistes tentent de réformer l'UE de l'intérieur, sans jeter le bébé avec l'eau du bain. ... Les nationalistes populistes en revanche, portés par un consensus populaire croissant, veulent conquérir le centre des commandes bruxellois. Mais ils ne disent pas à quoi ressemblerait leur 'nouvelle Europe', car ils seraient contraints de reconnaître qu'elle ne serait guère compatible avec leur nationalisme radical. ... La victoire des souverainistes ne signifierait donc pas la naissance d'une nouvelle Union crédible, héritière d'une communauté qui nous a procuré 70 ans de paix et de bienfaits économiques ; elle marquerait au contraire la mort de la 'vieille' Europe.»
Le mensonge triomphe de la vérité
Club Z explique pourquoi les populistes ont la tâche facile :
« Les gens préfèrent un mensonge qu'ils comprennent à une vérité qu'ils ne comprennent pas. Ils ont cru, par exemple, que le Brexit apporterait des centaines de millions d'euros au budget du NHS, le système de santé britannique. Après le référendum, les auteurs de cette promesse ont reconnu qu'elle était erronée, mais le mal était fait. Les populistes mentent dans un langage accessible à tous et jouent avec les sentiments et les peurs des gens. Ils exploitent l'ignorance quant à la nature réelle de l'UE, tandis que les représentants européens doivent riposter par le biais d'explications complexes, qui demandent un effort de réflexion. La situation rappelle fort une citation de Jonathan Swift : 'Le mensonge vole, et la vérité boitille après lui, de sorte que quand les hommes viennent à être détrompés, il est trop tard'.»