Référendum en Macédoine sur le nouveau nom du pays
Les citoyens de l'ancienne-République yougoslave de Macédoine (ARYM) sont appelés à se prononcer dimanche, dans le cadre d'un référendum, sur le compromis négocié avec Athènes visant à résoudre la dispute autour du nom du pays. L'accord prévoit que celui-ci s'appelle dorénavant République de Macédoine du Nord. Le Parlement hellénique devrait quant à lui se prononcer sur la question début 2019. Les éditorialistes évoquent les enjeux de ces deux votes.
Choisir entre l'Europe et la marginalisation
Dans le référendum de dimanche, l'enjeu dépasse la seule question du nom du pays, souligne Tine Kračun, directeur du think tank slovène Institute for Strategic Solutions (ISR) :
«Il s'agit avant tout de savoir si la Macédoine veut accélérer son cap pro-européen ou rester marginalisée à l'Est. Alors que les Etats occidentaux espèrent une adhésion de la Macédoine à l'OTAN, la Russie entend aussi étendre son influence. L'intérêt géostratégique de la Russie consiste à maintenir la Macédoine en dehors de l'OTAN. Par ailleurs, il sera plus facile à la Chine d'atteindre ses visées économiques si la Macédoine ne devient pas membre de l'alliance atlantique.»
Ne pas faire la même erreur que les Britanniques
Fokus compare le référendum en Macédoine au vote sur le Brexit au Royaume-Uni :
«Il s'était avéré, à l'issue du vote sur le Brexit, que ce sont surtout les citoyens les plus âgés et les moins informés qui avaient été les plus vulnérables aux manipulations et aux 'fake news', lesquelles avaient scellé l'issue du vote. Contrairement aux Britanniques, les Macédoniens ne pourront se permettre le luxe de revenir sur leur décision, car la Macédoine n'a ni la taille ni la puissance économique du Royaume-Uni. ... Quel que soit le résultat du référendum du 30 septembre, il faut faire en sorte qu'il s'agisse d'un vote informé. Que les citoyens prennent pleinement connaissance de l'accord avec la Grèce et décident ensuite s'il aura des retombées positives ou négatives sur leur qualité de vie.»
La dernière carte de Tsipras
Le référendum est vital pour le Premier ministre grec, commente Kathimerini :
«Alexis Tsipras est très soucieux de son image sur la scène politique internationale, et il songe toujours au lendemain. Cela pourrait expliquer pourquoi il est autant attaché à cet accord et à sa ratification au Parlement grec. Par le passé, il ne s'est jamais vraiment opposé à la volonté de la majorité et il sait visiblement très bien ce que cet accord peut lui coûter. Mais comme il ne fait plus bonne figure auprès de nombreux électeurs de gauche et qu'il a perdu son influence vis-à-vis des marchés financiers, l'accord sur le nom de la Macédoine est peut-être l'ultime carte internationale qu'il a encore en main - et qu'il jouera dans les mois à venir.»