Bulgarie : grogne contre les prix des carburants et la pauvreté
Les Bulgares ont manifesté par milliers dimanche contre la hausse des prix du carburant, la hausse du coût de la vie et la baisse du pouvoir d'achat. Des barrages routiers ont coupé la circulation sur les deux autoroutes reliant la capitale à la Mer Noire. Dans plusieurs villes, des manifestants ont appelé le gouvernement à démissionner. Les médias bulgares se penchent sur les raisons de la colère des citoyens.
La vache à lait de l'Etat
Au vu du niveau des salaires, la grogne n'a rien d'étonnant, lit-on dans e-vestnik :
«80 pour cent des Bulgares gagnent moins de 500 euros par mois, et même moins de 250 euros pour la moitié d'entre eux. Pourtant, les prix des produits de première nécessité sont aussi élevés que dans le reste de l'Europe, où les salaires moyens sont de cinq à dix fois supérieurs. D'où l'hémorragie de Bulgares qui prennent le chemin de l'exil. Quant à ceux qui sont encore là, exposés aux salaires de misère et aux lois qui font la part belle aux lobbys, ils ne supportent plus d'être les vaches à lait de l'Etat. Ceux chez qui les manifestations suscitent surprise et incompréhension gagnent probablement bien leur vie. Comme les dirigeants, ils vivent dans une bulle.»
Quand le peuple fait le travail des médias et de l'opposition
Kapital explique pourquoi le gouvernement bulgare a été pris de court :
«Les médias ont normalement un rôle double : ils expliquent d'une part aux gens l'action du gouvernement et montrent d'autre part au gouvernement ce que les gens en pensent. Ainsi, la classe politique sait ce qui se passe dans le pays et peut déceler l'insatisfaction du peuple bien avant qu'elle ne se dévide dans les rues. La concurrence entre les partis rend compte de la pluralité des idées et des sensibilités. En Bulgarie, ce mécanisme est dysfonctionnel. Face à une opposition brisée et à des médias opprimés, le peuple prend lui-même en main la tâche qui devraient incomber aux médias et à l'opposition.»