Italie : adoption du décret controversé sur la sécurité
Le parlement italien a adopté un nouveau décret sur la sécurité et l'immigration. Il prévoit un durcissement de la réglementation sur les migrants et une amélioration de la sécurité dans les villes. Les journalistes italiens doutent toutefois de son efficacité.
Rien à voir avec la sécurité
Massimo Giannini, spécialiste de la politique italienne, évoque dans La Repubblica la perfidie de la stratégie du ministre de l'Intérieur :
«Le ministre de la Peur a fait un pas de plus vers le crépuscule civil et moral de ce pays. ... Matteo Salvini peut enfin exprimer son 'immense satisfaction' : le décret qui porte son nom a franchi la ligne d'arrivée, grâce à un vote de confiance qui a par ailleurs le mérite de détourner l'attention de l'opinion du peu avouable 'repli stratégique' que le gouvernement est forcé d'effectuer dans sa manœuvre budgétaire. Par une imposture sémantique, le ministre de l'Intérieur fait passer la mesure pour ce qu'elle n'est pas : s'il la présente comme au service de 'la sécurité', elle est en réalité essentiellement 'contre les migrants'.»
Le comble du racisme
Il Manifesto trouve que 'Décret sur l'insécurité' serait un intitulé plus juste :
«Nous avons été habitués à l'équation 'Immigration = insécurité'. Une vision qui se voit concrétisée dans le décret voulu par Salvini, et qui en fait la loi la plus raciste des 15 dernières années. Le principe de l'expulsion automatique des personnes non titulaires d'un permis de séjour était déjà solidement ancré dans la réglementation précédente, la loi Bossi-Fini. Elle prévoyait l'expulsion à la date d'expiration du contrat de travail. Nul besoin de s'étendre sur les camps de rétention, qu'on ne connaît que trop. ... En bref, le décret sur la sécurité reprend et aggrave de vieux principes. L'expérience nous a enseigné que ces instruments n'avaient d'autre effet que celui de créer le malaise et la peur chez les migrants et un sentiment croissant d'insécurité au sein de la population.»