Grèce : la question macédonienne provoque une crise gouvernementale
En désaccord avec le gouvernement sur l'accord censé mettre fin à la querelle avec la Macédoine, Panos Kammenos, le ministre grec de la Défense et chef de file d'ANEL, partenaire minoritaire de la coalition au pouvoir, a démissionné dimanche. Le Premier ministre, Alexis Tsipras, entend ainsi se soumettre à un vote de confiance et espère continuer à gouverner avec une majorité ad-hoc d’ici aux elections d'octobre. Le Parlement grec doit se prononcer sur l'accord avec la Macédoine d'ici la fin du mois.
Tsipras a mérité les éloges de l'Europe
Le quotidien Die Welt est impressionné par la détermination de Tsipras à résoudre la question macédonienne :
«Tsipras va désormais au devant d'un vote de confiance pour lequel il ne dispose pas de la majorité suffisante aujourd'hui. Dans les sondages, Syriza se trouve nettement derrière le parti conservateur Nea Dimokratia. Il semble donc quasi certain que Tsipras perdra son poste cette année. Les responsables politiques européens, qui ont souvent maudit Tsipras pour sa réticence à mener les réformes, devraient faire preuve de respect, voire de gratitude envers le dirigeant grec sur ce point. Désireux d’œuvrer pour la réconciliation et la paix en Europe, il est prêt à sacrifier son poste pour faire passer ce compromis.»
Il faut que l'accord passe
Tages-Anzeiger salue également le courage du Premier ministre grec :
«Tsipras veut faire passer l'accord de Prespes au Parlement, mais il devra d'abord y remporter un vote de confiance ce mercredi. ... Dans la perspective de ces deux votes, le Premier ministre s'est vraisemblablement assuré en coulisses le soutien d'une infime majorité de députés. Car si l'accord échouait, Tsipras a prévenu que son pays se couvrirait de ridicule sur la scène internationale - un point sur lequel il a sûrement raison. Ce serait en effet une erreur historique que de laisser s'effondrer cette grande œuvre de réconciliation. Une erreur dont le parti d'opposition conservateur Nea Dimokratia, qui préfère remporter les prochaines élections plutôt que d'épauler Tsipras dans l'obtention de ce compromis historique, porterait aussi la responsabilité.»
Des élections anticipées, la seule issue
Un gouvernement viable doit pouvoir s'appuyer sur une majorité solide et homogène, estime Naftemporiki, qui appelle à organiser des élections anticipées :
«C'est la fin d'un paradoxe politique. La coexistence, au sein du même gouvernement, d'un parti de gauche et d'un parti issu de la droite ultraconservatrice. ... La dissolution de ce drôle de gouvernement ne signifie pas la résolution du problème politique du pays. ... La Grèce va au devant de grands défis, aussi bien sur les plans intérieur qu'extérieur, et aucun gouvernement basé sur un ensemble de députés hétéroclites ne saurait les relever. Le mal du pays n'est pas constitutionnel. ... En démocratie, ce sont les élections qui permettent de résoudre de tels cas de figure.»