Qui remportera les présidentielles slovaques ?
En Slovaquie, 13 candidats briguent la présidence du pays. D'après les sondages, l'avocate Zuzana Čaputová, du parti nouvellement créé Progresívne Slovensko, et le commissaire européen Maroš Šefčovič, candidat sans étiquette réputé proche du parti au pouvoir SMER, de l'ex-Premier ministre Robert Fico, sont les favoris du scrutin. Avant le premier tour, qui aura lieu samedi, les chroniqueurs passent en revue les différents candidats.
Čaputová a besoin des voix des contestataires
En dépit de sondages prometteurs, la victoire de Čaputová n'a rien d'une certitude, juge Český rozhlas :
«Čaputová doit tabler sur une participation électorale la plus élevée possible si elle veut espérer arriver au second tour. La question centrale qui marquera cette semaine cruciale pour l'avenir de la Slovaquie portera sur le dynamisme des citoyens : se mobiliseront-ils cette année comme ils l'ont fait lors des manifestations antigouvernementales de l'année dernière, organisées dans de nombreuses villes du pays, suite au meurtre du journaliste Jan Kuciak ? Un dynamisme qui pourrait propulser Čaputová, qui promet le changement politique, au sommet de l'Etat.»
Le Ruthène qui déplaît à l'Ukraine
Un candidat en particulier, donné à la troisième place dans les sondages, inquiète Ukraïnska Pravda :
«Il est tout à fait possible que Štefan Harabin, juge à la Cour suprême, parvienne au second tour. Il pourrait même sortir vainqueur des élections, ce qui serait extrêmement dangereux pour l'Ukraine. Harabin est orthodoxe et revendique son appartenance à la minorité ruthène [groupe ethnique slave orientale] - deux éléments quelque peu inhabituels sur la scène politique slovaque. Ce qui compte toutefois, aux yeux de la plupart des Slovaques, c'est qu'il a été ministre de la Justice au sein du dernier gouvernement de Vladimir Mečiar. Or l'autoritarisme de Mečiar est considéré comme le chapitre le plus sombre de l'histoire slovaque contemporaine - même s'il y a des individus désireux de revenir à 'l'ancien temps'. Harabin se dit par ailleurs favorable à la levée des sanctions contre la Fédération de Russie et ne considère pas la Crimée comme 'annexée'.»
Un reality-show politique
La campagne électorale fait penser à une émission TV, commente l'auteur Márk Finta dans Mérce :
«Sans 'story', pas de campagne. L'élection du président est devenue en Slovaquie un véritable reality show avec une ambiance particulière. C'est notamment le cas depuis le scrutin de 2009. A l'aube de l'ère Facebook, lorsqu'il avait fallu repenser complètement les divers aspects d'une campagne électorale, les candidats avaient élaboré des stratégies centrées sur l'individu, afin de développer des éléments narratifs. Cette 'accélération' de la vie politique a contraint les protagonistes politiques à mener une 'campagne permanente'. Pourquoi ? Parce que l'on a compris qu'une campagne rondement menée pouvait constituer un véritable capital politique pour certains candidats.»