Elections anticipées en Grèce
Des élections anticipées auront lieu en Grèce le 7 juillet. Le Premier ministre, Alexis Tsipras, avait fait part de cette décision suite à la défaite de son parti (Syriza) aux européennes, où il avait été distancé de neuf points par le parti de droite Nea Dimokratia. Les législatives étaient initialement prévues pour le mois d'octobre. Quel seront les enjeux du scrutin ?
Vers le retour des clans familiaux en Grèce
La Vanguardia se penche sur les législatives grecques :
«Le candidat de Nea Dimokratia, Kyriakos Mitsotakis, est le fils d'un ancien Premier ministre conservateur, et les Grecs semblent être disposés à revenir à la vieille recette des clans familiaux. Ces élections seront déterminantes pour la politique grecque, mais aussi, après la sortie des programmes de sauvetage, pour ses relations avec l'Union, dans le double-rôle que joue celle-ci en tant qu'alliée et créancière. Tsipras était considéré comme le symbole de la résistance à la politique d'austérité. Il se pourrait désormais qu'il soit amené à payer le prix de ses promesses non tenues. Il affirme être celui qui a réussi à faire sortir le pays de la spirale de la crise ; mais pour de nombreux Grecs, il est surtout celui qui n'a pas tenu parole.»
Les électeurs veulent se venger de Tsipras
Le blogueur Pitsirikos estime que les électeurs grecs font fausse route :
«Alexis Tsipras fait d'ores et déjà partie de la longue liste des Premiers ministres grecs qui n'ont fait que mentir et appliquer le contraire de ce qu'ils avaient promis. ... Les Grecs voteront Mitsotakis pour se venger de Tsipras. Nous vivons dans un pays dans lequel des milliers de personnes ont voté pour le parti néonazi Aube dorée pour se venger de la classe politique, mais n'ont fait au final que se tirer une balle dans le pied. En élisant Mitsotakis aujourd'hui, ils se tireront une nouvelle balle dans le pied. Le chef de file de ND assure vouloir mener une autre politique économique, faite de faibles impôts, de réformes plus rapides et de plus d'investissements. Bien entendu, il ne précise pas comment il compte y parvenir dans un pays surendetté, et, du reste, personne ne le lui demande. »
Revenir aux racines
Syriza, le parti au pouvoir en Grèce, doit mettre les bouchées doubles, juge le quotidien de gauche Efimerida ton Syntakton :
«Le parti doit revenir à ses racines. Retrouver la voie qu'il suivait auparavant, reprendre un combat que le gouvernement a oublié de mener, élaborer un programme pour soulager le peuple et s'adresser directement aux citoyens. Un combat qu'il doit mener avec honnêteté et pugnacité. En renonçant aux jérémiades et aux paroles irréfléchies, en privilégiant la sagesse et le sérieux, avec une rhétorique en phase avec l'éthique de la gauche. C'est ce que veut le peuple. Un gouvernement qui soit réellement à l'écoute de leurs préoccupations, sur le long terme, et qui sache apprécier leur voix à leur juste valeur. »
Une page qu'on a envie de tourner très vite
Le quotidien conservateur Kathimerini se réjouit de la perspective des élections anticipées :
«Une période préélectorale plus longue aurait paralysé l'économie et fait dérailler les finances publiques. Des dommages considérables auraient pu être causés en très peu de temps. Par ailleurs, le regain de tension avec la Turquie nécessite un gouvernement fort. Il serait peut-être trop tôt pour proclamer la fin du populisme à tout va. Mais il est remarquable de voir que le peuple grec, à une époque où le reste de l'Europe succombe aux sirènes du populisme et du nationalisme, fait preuve d'une belle maturité.»
Tsipras pris au dépourvu
Le Premier ministre grec n'avait pas d'autre choix, écrit Ta Nea :
«C'est un message et une revendication qu'il ne pouvait occulter, même s'il a tenté de minimiser la cuisante défaite qu'il a essuyée. Convoquer des élections anticipées était la seule option qui s'offrait à lui ; le gouvernement était dans l'obligation de respecter le verdict des urnes. ... Ce résultat électoral sanctionne la politique gouvernementale, et les quatre mois de mandat qui restaient au gouvernement [jusqu'aux législatives initialement prévues pour octobre] n'auraient pas suffi pour inverser un rejet fermement ancré au sein de la population grecque.»
En finir avec le populisme et les clivages !
To Vima espère une nouvelle ère pour la Grèce :
«Tsipras a gouverné pendant quatre ans - quatre années pendant lesquelles il s'est employé à diviser le peuple grec, à prendre pour cible ses rivaux politiques et à saper les institutions. Comme il l'a reconnu lui-même, il a succombé à ses propres illusions et il a mené le pays dans une aventure économique pour finir par mettre en œuvre les mesures qu'il honnissait. Il n'a toutefois pas renoncé à ses obsessions idéologiques et il a mis l'économie et la société à rude épreuve, en multipliant les impôts afin de dépasser les excédents primaires prévus et de redistribuer l'argent, en se faisant passer pour le protecteur des pauvres. Après tant d'années de sacrifice, la Grèce et ses citoyens cherchent une solution qui permette d'espérer. Il est temps de mettre un terme à ce cycle de populisme et de clivages.»