Qu'attendre du nouveau gouvernement italien ?
Le nouveau gouvernement italien, formé du M5S et du PD et dirigé par le Premier ministre Giuseppe Conte, est entré en fonction jeudi. Une juriste sans étiquette, Luciana Lamorgese, reprend le portefeuille de l'Intérieur des mains du chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, tandis que le président du M5S, Luigi Di Maio, est nommé aux Affaires étrangères. Les commentateurs notent que si ce gouvernement est de bon augure pour l'Europe, il repose sur des pieds d'argile.
Le retour du fils prodigue
Le nouveau gouvernement italien est une bonne nouvelle pour l'Europe, se réjouit La Vanguardia :
«L'UE peut se passer de la Grande-Bretagne sans trahir ses idéaux ni perdre sa personnalité. On ne peut pas en dire autant de l'Italie. Elle est un des six pays signataires du traité de Rome de 1957. ... L'Italie n'a pas tardé à signaler sans équivoque sa volonté de contribuer au développement de l'Europe : le M5S et le PD ont soutenu la candidature d'Ursula von der Leyen, ils ont confié les deux portefeuilles de ministre importants pour les relations avec Bruxelles (affaires européennes et économie) à des politiques du PD, parti europhile, et ont proposé comme commissaire européen un politique chevronné, Paolo Gentilone. ... Le retour du fils prodigue est une bonne nouvelle. ... La relance de l'UE requiert une Italie qui soit fidèle à son caractère européiste.»
Une coalition forte affaiblit les populistes de droite
Le succès du nouveau gouvernement italien pourrait avoir une incidence sur la popularité des partis populistes de droite partout en Europe, explique Népszava :
«Si le gouvernement menait les affaires de l'Etat sans grands esclandres et de manière constructive, et qu'il avait des chiffres positifs à présenter, il se peut que la popularité de Salvini fléchisse - même si celui-ci continuera d'échauffer les esprits contre le gouvernement. La Ligue est la locomotive du populisme européen, le parti qui a obtenu le plus de mandats aux européennes parmi les formations de la même famille idéologique. Il est indéniable qu'un éventuel recul de sa popularité aurait des répercussions en dehors de l'Italie.»
Pas de socle commun
La nouvelle coalition italienne unit deux partis disparates, juge le journal économique Les Echos :
«Certes, la nouvelle coalition est plus dans la nature des choses que celle entre la Ligue et le M5S. Mais ce dernier mouvement, fondé par Beppe Grillo, s'inscrit lui dans une forme de populisme de gauche. Il est une organisation ramasse-tout avec comme thème principal d'être contre l''élite' et contre la politique traditionnelle, justement incarnée par le PD. Ce qui montre toute la fragilité de la nouvelle coalition. Sans oublier que Salvini n'a pas dit son dernier mot. En attendant, l'Europe peut pousser un soupir de soulagement. Mais pour combien de temps ?»
Un pays qui reste souffreteux
Le nouveau gouvernement italien se heurtera aux mêmes problèmes que les précédents, écrit dans Corriere della Sera le chroniqueur Aldo Cazzullo :
«L'économie italienne continue d'aller mal. Ses entreprises et ses travailleurs ont beau se battre, la croissance est quasi nulle. Le sentiment d'insécurité suscité par la mondialisation, la colère découlant de la perte de souveraineté, le rejet de l'immigration incontrôlée : tous ces problèmes ne se sont pas volatilisées d'un coup de baguette magique. Le but contre son camp de Salvini, les rudes négociations entre PD et M5S, la consultation des membres sur la plateforme de vote Rousseau et la confiance placée dans le nouveau gouvernement n'y ont rien changé.»
Ensemble, deux faibles sont forts
La Repubblica explique comment, au troisième coup d'essai, le PD et le M5S ont réussi à former une coalition :
«Les deux premières tentatives ont échoué en raison du déséquilibre des forces et des attentes des partis : en 2013, le PD était majoritaire et le M5S, en pleine ascension, n'avait pas envie de servir de roue de secours. ... Inversement, en 2018, ce fut au tour des sociaux-démocrates humiliés dans les urnes de refuser de faire alliance, sur ordre d'un Matteo Renzi vaincu. Si cela a marché aujourd'hui, c'est parce que l'équilibre est assuré. Au bout d'un an et demi de soumission au calendrier de Matteo Salvini, le M5S est affaibli, tandis que le PD a repris des forces mais n'est pas encore prêt à mener campagne.»
Survivre comme mot d'ordre
Die Presse fait observer que dès le début, le nouveau gouvernement ne présente aucune forme de cohésion :
«Avoir écarté le risque d'élections anticipées à l'issue incertaine est ce qui fait le ciment de ce mariage de raison. Le ton envers l'UE devrait lui aussi prendre des accents plus conciliants, et en contrepartie, Bruxelles devrait se montrer un peu plus bienveillante dans les négociations. Faute de quoi cette coalition cocasse passera le plus clair de son temps à assurer sa survie un jour de plus - comme le laisse entrevoir le programme gouvernemental provisoire, qui est resté très évasif. Les tractations sur la formation du gouvernement, avec leur lot de marchandages pour les postes, de querelles irrésolues sur les dossiers clés et de défiance ouverte, nous donnent un avant-goût de ce qui va suivre. ... Conte et sa nouvelle équipe ne seront guère en mesure d'administrer au pays le traitement dont il a un besoin urgent.»
Un vote douteux qui n'a pas fait de vagues
La politique italienne est entre les mains du M5S et de son système de vote interne, appelé "Rousseau", explique Tages-Anzeiger :
«Le serveur de Rousseau compte 115 000 inscrits. A l'exception du parti et de l'entreprise éponyme, personne ne sait qui ils sont. Or pendant toute une journée, ils ont tenu en haleine l'ensemble du pays, avant de finir par approuver, à 79 pour cent, la coalition entre le M5S et le PD. Ce procédé douteux coïncide ainsi avec le processus de ces dernières semaines, le déroulement constitutionnel de négociations de coalition au sein d'une démocratie parlementaire. Giuseppe Conte devrait donc pouvoir former son cabinet. Mais si le système Rousseau - défectueux, opaque et souvent piraté - l'en avait empêché, cela aurait été une catastrophe - un véritable affront au Parlement, à la République, à la démocratie.»
Une stabilité chimérique
De Volkskrant craint que de nombreux projets de la nouvelle coalition ne restent lettre morte :
«La plupart des plans du gouvernement Conte I n'ont pas été mis à exécution, car la coalition a implosé au bout de 14 mois. Or on peut douter aussi de la stabilité du gouvernement Conte II. Si les membres du M5S et du PD étaient des ennemis jurés il y a peu de temps encore, les négociations de coalition n'ont pas été une partie de plaisir non plus. La semaine dernière, Di Maio menaçait de tout faire capoter si le titre de vice-Premier ministre lui était refusé. Il aura fallu que le fondateur du parti, Beppe Grillo, le recadre publiquement pour qu'il consente à retirer sa menace.»
Sans concessions de l'UE, le nouveau gouvernement échouera
Bruxelles ouvre un boulevard à la Ligue si elle ne se montre pas conciliante envers Rome sur les questions du déficit budgétaire et du droit d'asile, pointe Financial Times :
«Même dans l'opposition, Salvini reste fort. C'est l'occasion pour l'UE de se pencher sur les préoccupations premières des Italiens, qui les ont si massivement poussés dans les bras de Salvini. L'UE devrait accorder à Rome une plus grande marge de manœuvre budgétaire et réviser les règles de sa politique financière pour permettre davantage d'investissements publics en période de ralentissement économique et imposer moins d'austérité. En outre, l'UE a besoin d'un système d'asile qui déleste les pays membres du sud et contrôle le sauvetage en mer des réfugiés. Faute de quoi le retour de Salvini au pouvoir n'est qu'une question de temps.»
Un nouvel humanisme peu crédible
Le Premier ministre Giuseppe Conte a annoncé vouloir bâtir "un nouvel humanisme". Un engagement qu'il doit à présent traduire dans les faits, estime dans La Stampa Vladimir Zagrebelsky, ancien juge de la Cour européenne des droits de l'homme :
«C'est dans le domaine de la politique migratoire que ce nouvel humanisme pourra être confirmé ou infirmé. La cruauté de la politique de l'ancien gouvernement Conte crève les yeux. ... Or le M5S n'affiche pas la moindre réserve à son soutien de la ligne imposée par le ministre de l'Intérieur Salvini. Au contraire, Luigi Di Maio revendique la paternité et le mérite de toutes les réalisations du gouvernement qui vient de démissionner.»
Les omissions de Conte en disent long
Dans son discours jeudi, Conte a promis "un nouveau chapitre pour l'Italie". Or ses annonces ne laissent pas présager qu'il puisse tenir promesse, juge la politologue Sofia Ventura dans La Stampa :
«Conte n'a pas évoqué l'immigration. Or la gestion de la question migratoire était au coeur de la politique de Salvini. Pourquoi Conte n'a-t-il pas parlé de la suppression des décrets sur la sécurité ? ... Ne s'agit-il pas là d'un des éléments susceptibles d'envoyer ce signal de 'renouvellement' si souvent revendiqué ? ... Le caractère vague et contradictoire du discours de Conte justifie tous les doutes soulevés par la nature d'un gouvernement basé sur un contrat entre un parti réformiste et un parti populiste.»
Trop peu de points communs
Il sera difficile pour la nouvelle coalition d'élaborer un programme gouvernemental, prédit Polityka :
«Conte veut stopper la hausse des impôts sur les revenus, le PD réclame une politique extérieure pro-européenne. Les deux partis sont d'accord sur le fait que le système de sécurité intérieure du pays doit être réformé, bien que Di Maio et Zingaretti veuillent le mettre en œuvre de façon totalement différente. Le projet de TGV Lyon-Turin, récente pomme de discorde entre la Ligue et le M5S, fait aussi l'objet de discussions. La nouvelle coalition se construira probablement en 'cours de route' - leurs cadres ne veulent pas tout coucher par écrit au préalable. »
L'impossible est devenu possible
Le nouveau gouvernement italien force l'admiration du journal El Mundo :
«La nouvelle coalition n'est pas moins contre-nature que la précédente, mais la politique donne souvent lieu à de surprenants mariages ; ainsi, deux formations qui n'ont cessé de s'invectiver et qui représentent, respectivement, l'une la défense des institutions démocratiques, l'autre un discours antisystème, ont fait un effort de dialogue et de coopération. ... Le nouveau chef du gouvernement fera face à la gageure de former un exécutif cohérent. ... Il doit s'attacher en priorité à résoudre la grave crise économique, à renouveler la démocratie pour restaurer la confiance des citoyens dans la politique, et remédier au discrédit international dont a souffert le pays. ... Il n'en reste pas moins que la classe politique espagnole ferait bien de s'inspirer de la leçon italienne.»
Bruxelles doit épauler Rome
Pour empêcher le retour de Salvini, il faut que l'UE s'active elle aussi, estime Der Standard :
«Pour le prochain budget au moins, Bruxelles devra se montrer plus flexible, car si le gouvernement M5S et PD devait présenter aux citoyens à l'automne un budget d'austérité, ce serait un formidable cadeau électoral fait à Salvini. Deuxième point : les autres pays membres devront enfin faire preuve de solidarité dans la gestion des flux migratoires. Cela signifie notamment que l'Europe doit se doter à nouveau de sa propre mission de sauvetage en mer. Si l'on passe une camisole financière à l'Italie et si on la laisse gérer seule les navires de réfugiés, alors le nouveau cabinet ne tiendra pas six mois. On verrait alors revenir Salvini, plus fort que jamais.»
Toujours la même rengaine
Süddeutsche Zeitung n'est guère optimiste :
«L'essentiel serait de définir un agenda constructif, qui prive la propagande de Salvini de toute munition, qui mette fin à la polarisation du pays et qui, après une année d'isolement croissant, s'attache à resserrer les liens traditionnels de l'Etat italien avec la communauté internationale. ... Or rien n'indique que le PD et le M5S se focaliseront sur les contenus, au contraire : pendant les négociations de coalition, les deux formations se sont surtout disputées la répartition des postes - une vielle rengaine en Italie. Si les choses continuent de la sorte, Salvini peut garder l'espoir de voir son 'coup estival' porter ses fruits. Peut-être même plus tôt et de façon plus triomphale qu'il ne se l'imaginait lui-même.»
Un jeu dangereux
Dans Corriere della Sera, le chroniqueur Massimo Franco redoute les tensions à venir :
«Parce que l'alliance du M5S et le PD traine derrière elle comme un boulet un héritage de polémiques et de haines toxiques susceptibles d'empoisonner leurs relations à la première occasion. ... Mais aussi parce que la réaction de la droite au but que Salvini a marqué contre son camp cherche à exacerber les tensions, et à dissimuler ses propres erreurs plutôt que de les analyser. Or c'est jouer à un jeu dangereux que de chercher à diviser la société italienne ; cela ne fait qu'alimenter l'extrémisme et réduire l'aspect stratégique à la simple propagande électorale.»
Salvini s'est tiré une balle dans le pied
Salvini s'est fourvoyé, se réjouit Fabio Pontiggia, rédacteur en chef de Corriere del Ticino :
«Le premier gouvernement Conte, qui reposait sur le contrat conclu entre Luigi Di Maio et Matteo Salvini, a été torpillé par le leader de la Ligue, rappelons-le. Après son succès aux européennes le 26 mai dernier, Salvini, dans un accès de mégalomanie, s'est mis à faire n'importe quoi. Le capitaine et ses hommes crient désormais au complot, et assurent que les ennemis de la Ligue ourdissaient leur projet depuis des mois pour renverser le parti souverainiste. ... Salvini avait inventé la théorie des trop nombreux 'nons' [formulés par ses partenaires de coalition]. Il s'est vu en réalité opposé un non clair et définitif. Celui de Giuseppe Conte, il y a neuf jours au Sénat.»
Un casse-tête pour les sociaux-démocrates
Les électeurs du PD seront mis à rude épreuve, croit savoir La Repubblica :
«Dans le pire des cas, ils se sentiront malgré eux comme la béquille d'une formation, le M5S, qui, après avoir lamentablement échoué dans son expérience politique avec l'extrême droite, restera finalement en selle grâce au soutien d'un parti, le PD, traité depuis des années par les partisans du M5S comme l'incarnation parfaite de la trahison des intérêts du peuple, de l'affairisme et de l’élitisme politique. Dans le meilleur des cas, ils se sentiront soulagés de constater la neutralisation provisoire de la détestable arrogance de Salvini. ... Mais le soulagement, aussi réel soit-il, ne suffira pas pour contempler avec sérénité et optimisme l'avenir d'une alliance gouvernementale qui paraît, par sa nature, vouée aux querelles, à la suspicion mutuelle et aux malentendus.»
Une alliance potentiellement durable
Le chef de file du PD, Nicola Zingaretti, veut la conclusion d'une alliance solide avec le M5S, se réjouit La Stampa :
«L'opération est ambitieuse, mais elle se nourrit de certains faits incontestables. 1) Si l'on gouverne ensemble, sur la base d'une alliance claire plutôt que d'un contrat, on peut présenter aux électeurs un front uni. 2) Partie du gouvernement, la Ligue pourrait former un nouveau pacte de centre-droit, afin de présenter un nouveau camp potentiellement imbattable aux élections. 3) Divisés, le PD et le M5S perdraient pratiquement partout, et quel que soit le système électoral. ... Conclusion : un pacte gouvernemental avec le M5S est justifié surtout s'il favorise l'avènement d'un nouveau système bipartite.»
Est-ce ainsi que les hommes gouvernent ?
Dans Corriere della Sera, l'éventualité d'une coalition entre sociaux-démocrates et M5S laisse sceptique le chroniqueur Antonio Polito :
«Pour former un gouvernement, il faut un accord politique et une majorité politique. ... Aujourd'hui, cette formation est encore plus difficile qu'il y a un an. Tout d'abord en raison de la petite guerre d'usure qui empoisonne le climat politique depuis des mois. Mais aussi en raison de la lassitude de nombreux protagonistes de la première heure, surtout dans les rangs du M5S. ... Et enfin, en raison de l'incroyable confusion des manœuvres personnelles au sein des partis. Citons un exemple révélateur : au PD, [l'ex-Premier ministre Matteo] Renzi est favorable à un accord alors qu'il l'avait empêché il y a un an, tandis que [le secrétaire actuel du parti Nicola] Zingaretti préférerait s'en passer.»
Sombres perspectives en Italie
Mérce pointe un véritable dilemme :
«Un gouvernement de crise aurait du mal à obtenir des résultats qui aient un poids politique, en raison des divergences de ses protagonistes en termes de valeurs et de priorités. Le risque est grand que les électeurs se détournent des 'élites qui se sont liguées contre la volonté du peuple' et se tournent vers l'extrême droite. Or laisser l'extrême droite, menée par Matteo Salvini, prendre le pouvoir, pourrait avoir des conséquences imprévisibles. On n'entrevoit donc pas de solution rassurante dans la crise politique actuelle. Il ne nous reste plus qu'à espérer que la formule se vérifie dans le cas de l'Italie : It’s always darkest before the dawn (C'est juste avant l'aube que la nuit est la plus noire).»
Berlusconi est toujours aux commandes
Polityka n'exclut pas que les choses prennent un tour inattendu :
«Un comité constitué de la Ligue et de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, serait la solution pour Salvini. Ils se présenteraient aux élections avec une liste unique, sans avoir à s'entendre sur un contrat de coalition après le scrutin. ... Dans les deux mois à venir, l'Italie sera secouée par des joutes médiatiques et des oppositions rhétoriques. Salvini sera en première ligne pour polariser le pays le plus possible, car c'est à lui que le clivage profite le plus. S'il reste le favori pour le poste de Premier ministre, rien n'est encore sûr. Car même si des années, voire des décennies, se sont écoulées, une constante perdure dans la politique italienne : dans les faits, tout dépend encore de Silvio Berlusconi.»
Tout est possible
L'Italie est plongée dans l'incertitude, juge Jutarnji list :
«Le divorce entre le parti souverainiste xénophobe Ligue, qui avait décidé de quitter un gouvernement qu'il dominait et de réclamer la tenue d'élections pour obtenir 'pleins pouvoirs' et 'carte blanche' - pour reprendre les termes de Matteo Salvini - et le parti populiste et dysfonctionnel M5S, a plongé l'Italie dans une totale incertitude. Si celle-ci se sera dissipée en bonne partie d'ici vendredi, toutes les options restent envisageables à l'heure actuelle. En l'absence d'alliance entre au moins deux des trois premiers partis de l'hémicycle (Ligue, M5S, PD), il n'y a en effet aucune majorité possible. Reste à savoir si des élections anticipées sont susceptibles d'apporter la majorité absolue à l'une de ces trois formations.»
La Ligue veut mobiliser les masses
Le chef de la Ligue ne s'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas ses élections anticipées, prédit Neue Zürcher Zeitung :
«'Nous nous réunirons pacifiquement sur les places du pays pour faire valoir notre droit à nous exprimer', a annoncé Salvini dans l'éventualité où ses adversaires politiques resserreraient les rangs et formeraient une nouvelle coalition. De son point de vue, la volonté des masses populaires prime sur les décisions prises par les représentants du peuple démocratiquement élus. ... Si le résultat du processus démocratique ne lui plaît pas et si Matteo Renzi revient au gouvernement par le biais d'une décision parlementaire, Matteo Salvini entend neutraliser le processus en recourant à la pression de la rue. Tant que la contestation restera pacifique, il n'y aura pas de problème. Le droit de manifester fait partie des droits démocratiques fondamentaux.»
Salvini pourrait se radicaliser davantage
El Periódico de Catalunya juge lui aussi que Salvini poursuivra l'offensive :
«Il suffit de se pencher sur son action en tant que ministre de l'Intérieur pour comprendre que la situation peut très bien se détériorer. Lorsque Salvini affirme être désormais un 'homme libre', il faut en conclure qu'il s'est senti corseté jusqu'à maintenant sur la question de l'immigration et par rapport à sa responsabilité gouvernementale. Cela veut dire que son nationalisme exacerbé pourrait se radicaliser un peu plus, qu'il pourrait devenir plus insensible encore au sort des plus vulnérables, et plus expéditif dans son mépris des directives européennes.»
Rira bien qui rira le dernier
Un protagoniste inattendu pourrait ressortir vainqueur de l'imbroglio, estime pour sa part La Repubblica :
«Le 'gouvernement du changement' s'achève dans l'indignité, sur une bévue de Salvini. ... Celui-ci a réussi d'un seul coup à tuer le gouvernement, à saborder la Ligue, à réanimer Di Maio et à ressusciter le PD. ... Cela peut sembler paradoxal, mais dans ce fol été italien, le seul qui ait su sauver la face, c'est Nicola Zingaretti[secrétaire du PD]. Il a subi l'incroyable manœuvre de Renzi, mais il l'a supportée, au risque par ailleurs de paraître trop conciliant. Il ne s'est pas précipité au chevet de la coalition Ligue-M5S moribonde, et il n'a pas donné son assentiment à la coalition-Frankenstein naissante M5S-PD. Aujourd'hui, il peut donc attendre, sans se brûler les doigts, la décision du président de la république.»