Vers une rencontre entre Trump et Rohani ?
Après le sommet du G7, une rencontre entre le président iranien et son homologue américain paraît envisageable. Donald Trump s'est dit prêt à négocier avec Hassan Rohani pour trouver une issue au litige sur le nucléaire iranien. L'organisateur du G7, Emmanuel Macron, qui avait convié le ministre iranien des Affaires étrangères à Biarritz, revendique la paternité de ce rapprochement. La presse se demande si une telle rencontre pourra résoudre la question.
Le président iranien prend un risque
Les chances de sauver l'accord sur le nucléaire iranien sont peut-être plus grandes que ne le croit l'opinion publique, estime Helsingin Sanomat :
«Si la rencontre a lieu, ce serait la première entre les dirigeants des deux pays depuis la révolution islamique de 1979. ... Détail intéressant, il se trouve en Iran des opposants hostiles à de tels contacts, comme le leader religieux du pays ou encore les gardiens de la révolution. Cette rencontre est risquée pour le président iranien, il doit donc avoir de bonnes raisons de l'envisager. Peut-être la diplomatie qui se déploie en coulisses, et à laquelle participent notamment la France et le Japon, a-t-elle permis de trouver un moyen de sauver l'accord sur le nucléaire iranien, de telle sorte que les sanctions qui pèsent sur le pays pourraient être assouplies ?»
Une opportunité à saisir, aussi infime soit-elle
Il ne faut pas s'attendre à un succès rapide, tempère Süddeutsche Zeitung :
«Trump va au-devant de négociations complexes, qui pourront difficilement aboutir avant la fin de son mandat, et ce n'est pas le genre de situations qu'il aime gérer. Les deux rencontres avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un n'ont rien produit de plus en termes de contenus qu'une déclaration fragile et non contraignante, que chacune des parties interprète de façon contraire. ... L'échec d'une rencontre entre Trump et Rohani aurait probablement de lourdes conséquences. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faille pas tenter le coup. Si l'on n'envisage pas de nouvelles approches, l'escalade se poursuivra, et le risque de malentendus funestes et de guerre ne fera que s'amplifier.»
L'Iran jouera le jeu de Trump
Les tentatives de rapprochement entreprises par Trump n'ont rien de sérieux, juge Gazeta Wyborcza :
«Trump lance sous la devise 'Great New Deal' un nouveau 'reality show' censé priver l'Iran de programme nucléaire et de missiles, et retirer tout soutien aux milices chiites dans la région. Comme ce fut le cas avec la Corée du Nord, il ne parviendra pas à négocier un tel accord, mais les rencontres qu'il effectue servent sa propagande. ... Les Iraniens misent sur le fait que Trump perdra les élections et qu'une nouvelle administration démocrate décidera de revenir à l'ancien accord. ... Peut-être estiment-ils donc qu'il vaut la peine de jouer le jeu de Trump : ils négocieront avec Trump, les attaques contre des pétroliers dans le golfe d'Oman cesseront et les tensions autour du programme nucléaire reflueront ; et avec l'aide de la communauté internationale, ils arriveront à tenir pendant un an.»
Téhéran envoie les mauvais signaux
Tant que l'Iran continuera à menacer militairement d'autres pays, il ne pourra y avoir de nouvel accord, assure The Daily Telegraph :
«Les détracteurs de Donald Trump aiment à prétendre que le président américain aspire à une confrontation militaire avec l'Iran. Or s'il est sorti de l'accord sur le nucléaire, c'est surtout pour ramener Téhéran à la table des négociations et chercher à obtenir un nouvel accord, qui soit en mesure de s'attaquer à l'attitude de plus en plus agressive de l'Iran au Proche-Orient, mais aussi à ses ambitions atomiques. Si Téhéran maintient donc sa posture belliciste vis-à-vis d'Israël et d'autres alliés importants de l'Occident dans la région, comme l'Arabie saoudite, l'administration Trump aura du mal à en conclure que les conditions sont réunies pour une poursuite des négociations.»