La Cour suprême britannique inflige un revers à Johnson
La suspension du Parlement britannique décidée par Boris Johnson est illégale, a estimé la Cour suprême du Royaume-Uni. Un cuisant revers pour le Premier ministre, qui avait argumenté qu'il voulait avoir le temps d'élaborer un programme gouvernemental pendant la pause parlementaire. Ce verdict contribuera-t-il à clarifier l'imbroglio politique ?
Johnson veut juste mettre en œuvre la volonté électorale
Dans ce cas précis, la fin justifiait les moyens, assure The Daily Telegraph :
«Les lois normales de la gravité politique ont été suspendues par le référendum et l'incapacité du Parlement à mettre en œuvre la décision prise il y a plus de trois ans. Johnson est entré en fonction en promettant de mener cette affaire à terme, d'une façon ou d'une autre, avant la fin du mois prochain. Ceux qui sont opposés à la sortie de l'UE font tout ce qui est en leur pouvoir pour l'en empêcher, mais les citoyens ne sont pas dupes : ils savent que Johnson s'efforce de mettre en application la volonté de la majorité et se heurte, ce faisant, à d'innombrables obstacles.»
Un vrai bonimenteur
Johnson est un menteur, souligne Sydvenskan :
«Depuis sa prise de fonction, il s'efforce de donner l'impression que son gouvernement mène des négociations constructives avec l'UE pour obtenir un accord de sortie amélioré. Or même avant le verdict de la Cour suprême, rares sont ceux qui avaient mordu à l'hameçon, à l'exception peut-être de ses plus fervents partisans. Boris Johnson a montré sans aucune équivoque qu'on ne pouvait pas se fier à ses propos et qu'il était prêt à bafouer les lois et les principes démocratiques pour imposer sa volonté. C'est un individu auquel personne n'achèterait de voiture d'occasion ; alors lui confier les rênes d'un pays, pensez-vous !»
Gare aux malentendus
Le défaite de Johnson devant la Cour suprême le rappelle à ses obligations, juge Die Presse :
«Oui, la majorité des électeurs a chargé le gouvernement de faire sortir le pays de l'UE. Mais ce serait un grossier malentendu de croire que cette décision référendaire puisse légitimer une abrogation de la démocratie représentative, des décisions illégales et la perspective d'un chaos économique. Les Britanniques ont voté à une courte majorité de 52 pour cent en faveur d'un Brexit - ils n'ont pas plébiscité un Brexit désordonné. L'autre grand malentendu, c'est aussi celui lié à la responsabilité sociale du Premier ministre. Car si Johnson doit respecter la majorité eurosceptique, il doit aussi être garant des 48 pour cent d'électeurs qui ont voté pour le maintien dans l'UE en 2016.»
Un chaos paradoxal
Bien que le verdict ait montré que les institutions britanniques étaient pleinement opérationnelles, la situation est bloquée, analyse Jutarnji list :
«Le plus bizarre dans cette histoire, c'est que tout ce chaos est un processus légitime dans un système démocratique. Les institutions font chacune leur travail, mais le chaos perdure. Le Premier ministre essaie de faire passer en force sa politique, le Parlement assume son rôle et la justice aussi. Ces trois institutions du Royaume-Uni sont indépendantes. Jusqu'ici, la séparation des pouvoirs fonctionne parfaitement. Mais le mystère reste total quant à ce qu'il adviendra au lendemain du 31 octobre.»