Visas dorés : Chypre ignore les rappels à l'ordre de l'UE
Chypre continue visiblement de traiter les demandes de riches étrangers désireux d'obtenir à prix d'or des passeports européens, et ce alors que Nicosie avait officiellement suspendu le programme en novembre dernier, suite aux critiques de Bruxelles. La Commission vient d'envoyer un nouvel avertissement à Nicosie et menace d'ouvrir une procédure devant la Cour de justice de l'UE. La presse chypriote se dit consternée par l'action du gouvernement.
Les calculs risqués de Chypre
Nicosie croit pouvoir s'en sortir à bon compte, déplore Cyprus Mail :
«Le gouvernement semble déterminé à poursuivre le traitement des demandes en cours. A la Commission, qui menace de prendre de nouvelles mesures dans le cadre de la procédure d'infraction ouverte, il a indiqué que la question était traitée par le service juridique, en coopération avec des experts juridiques internationaux, et qu'il répondrait dans un délai de deux mois. ... En d'autres termes, le traitement des demandes continuera, a priori parce que le gouvernement privilégie une approche comptable du dossier : une procédure engagée par la Cour de justice de l'UE contre Chypre prendrait des années et l'amende à régler serait nettement inférieure aux montants générés par l'approbation des demandes de citoyenneté en cours, qui s'élèveraient à un plus d'un milliard d'euros. Le risque, considérable, c'est que cette approche constitue une nouvelle grossière erreur d'appréciation, venant d'un gouvernement qui ne cesse de se fourvoyer.»
La brebis galeuse de l'Europe
Chypre a un grave problème d'image, souligne Dialogos :
«Aucun investisseur étranger sérieux n'est prêt à salir son nom dans un pays qui va tout droit vers une procédure d'infraction de la Commission. Seuls des escrocs seront disposés à investir dans un tel pays. C'est précisément la raison pour laquelle Chypre grouille aujourd'hui de rufians et de personnes recherchées par les polices étrangères. Aucune institution européenne ne fait confiance à Chypre actuellement ; la défiance est de mise. Et ceci a des répercussions négatives considérables sur l'économie et d'autres sujets, y compris la question chypriote.»