Bulgarie : un parti anticorruption remporte les législatives
Fondé en septembre dernier, le parti "Continuons le changement" est arrivé en tête des élections anticipées en Bulgarie - les troisièmes organisées cette année - avec 25 pour cent des voix. Sa tête de liste, Kiril Petkov, ministre de l'Economie du gouvernement intérimaire d'avril à novembre, s'était fait un nom grâce à sa politique anticorruption. Les éditorialistes y voient un signe de changement.
La 'résistance' prend son destin en main
La société civile bulgare est la première gagnante du scrutin, se réjouit e-vestnik :
«Bien qu'ils s'emploient à saper activement et systématiquement la société civile, le parlementarisme et l'Etat de droit depuis des décennies, les partis oligarchiques du DPS [parti de la minorité turque] et du GERB ne sont pas parvenus à détruire les piliers de la société civile. … Celle-ci a mené la résistance [contre le gouvernement Borissov] cette dernière décennie, mais elle s'est aussi consolidée, s'est développée et s'est résolue désormais à prendre elle-même en main les destinées politiques du pays.»
Un énième scrutin serait suicidaire
Le service bulgare de Deutsche Welle entrevoit des raisons d'espérer que cette fois-ci, les partis parviendront à forger une coalition :
«Il n'est pas exclu qu'il y ait de nouvelles élections législatives anticipées dans les premiers mois de l'année prochaine. Mais cette perspective paraît moins probable qu'à l'issue des deux scrutins anticipés de l'été dernier. Moins en raison du résultat électoral que de l'instinct de préservation des partis, qui devrait finir par avoir le dessus. Car faire fi des attentes de la société quant à une coalition gouvernementale, cela reviendrait pour eux à un véritable suicide politique.»
Le système Borissov appartient au passé
Le résultat est une bénédiction pour la Bulgarie, se réjouit Der Standard :
«Dans le scrutin de dimanche dernier, les électeurs bulgares ont élu un Parlement qui sera en mesure de dégager des majorités pour une coalition gouvernementale, mais qui pourra aussi entreprendre les réformes nécessaires et urgentes dans les secteurs de la justice et de la santé. … Pendant le mandat de Boïko Borissov, les personnes riches et influentes ont vécu dans l'opulence, au-dessus des lois, tandis que d'innombrables Bulgares ont dû quitter leur pays, faute de perspective. Le système Borissov appartient désormais au passé. … L'intelligence, les compétences et l'intégrité du probable futur Premier ministre, Kiril Petkov, donnent lieu d'espérer, pour la première fois, que la Bulgarie puisse devenir un Etat de droit et une démocratie viable.»
Un tournant dans les PECO ?
Der Tagesspiegel discerne une tendance qui a débuté en République tchèque :
«Dans ce pays aussi, celui qui était Premier ministre jusque-là, Andrej Babiš, doit démissionner, pour deux raisons similaires à celles du départ de Borissov en Bulgarie : les électeurs se détournent de lui, en raison notamment des affaires opaques dans lesquelles il serait impliqué. Et de par son attitude avec les autres forces politiques, il s'est fait tant d'ennemis que personne ne veut gouverner avec lui. Cette tendance peut-elle gagner aussi la Hongrie et la Pologne ?»