Vers une 'grande coalition' en Roumanie ?
Une nouvelle coalition gouvernementale, formée du Parti national libéral (PNL) du Premier ministre intérimaire Florin Cîțu et du Parti social-démocrate (PSD), qui avait renversé le gouvernement du même Cîțu en octobre, pourrait voir le jour en Roumanie. S'y grefferait aussi le parti de la minorité magyare (UDMR). Il est également prévu que le poste de Premier ministre soit pourvu tour à tour par chacun des deux grands partis. Une coalition faite de deux ennemis jurés peut-elle fonctionner ?
Deux gouvernements parallèles ?
La coalition ne tiendra pas longtemps, croit savoir Ion Ionita sur le portail Adevărul :
«Il est vrai que la coalition dispose d'une majorité confortable au Parlement - en théorie. En pratique en revanche, on aura deux gouvernements, l'un libéral et l'autre PSD, chacun inféodé à son propre parti. Les négociations ont montré à quel point les objectifs des deux formations diffèrent, et la volonté d'entrer au Palais de la Victoire [siège du gouvernement] est la seule raison qui pousse libéraux et sociaux-démocrates à passer ce compromis. ... Mais une fois installés dans les ministères, comment se comprendront-ils ? Et pour combien de temps ? L'essentiel dans un tel contexte est de savoir qui sera le premier chef du gouvernement. ... Il est fort probable en effet que d'ici à ce qu'arrive le tour du 'second Premier ministre', la coalition aura déjà été dissoute.»
Une coalition de rapaces
Une telle alliance n'aura que faire de l'intérêt général, assure le politologue Ioan Stanomir sur le portail Contributors :
«Une coalition marquée par de telles tensions internes ne sera pas en mesure de fournir la seule chose susceptible de la légitimer : la stabilité. Un président surtout absent, un contexte d'agitation et de peurs collectives, l'incapacité à présenter un scénario cohérent, exempt de toute démagogie, une opposition hétérogène et fragile - voilà de quoi sera fait notre paysage politique à court et moyen terme. ... La coalition sociale-libérale naissante n'a d'autre vocation que de créer un cadre qui lui permette de vampiriser les ressources et de parasiter le budget de l'Etat. Ce sont les complicités, et non la solidarité, qui assureront sa survie.»