Face aux guerres commerciales, l'UE mise sur la dissuasion
La Commission européenne a présenté mercredi un nouvel "instrument contre la coercition économique". L'Union veut pouvoir recourir à des mesures de rétorsion en cas de boycott commercial ou de sanctions douanières décrétés par des Etats tiers contre des pays membres ou l'UE dans son ensemble - un dispositif censé les dissuader de mener ce type d'agressions. Dans le contexte actuel, les éditorialistes jugent l'initiative de Bruxelles tout à fait justifiée.
Voilà le point fort de l'Europe
Les propositions s'avèrent constructives pour une fois, se réjouit Neue Zürcher Zeitung :
«Il est bien connu que sur les plans politique et militaire, l'UE ne fait pas le poids. Economiquement seulement, le bloc d'Etats en impose. Le marché européen constitue l'un des plus gros marchés du monde. Lorsque la Commission parle d'une seule voix dans la négociation d'accords commerciaux, on l'écoute. Avec ses règles et ses directives, Bruxelles édicte des normes à valeur internationale. Ce n'est donc pas la politique extérieure et de défense commune, que les Etats membres appellent si souvent de leurs vœux, qui impressionne les autres puissances mondiales - c'est l'économie. ... Les propositions que le commissaire Valdis Dombrovskis a relayées à Bruxelles misent sur la rétorsion et la dissuasion.»
Les règles de l'OMC sont dépassées
L'initiative de l'UE s'imposait, estime Rzeczpospolita :
«Des marchandises lituaniennes sont bloquées dans des ports chinois parce que Pékin veut contraindre Vilnius à revoir sa position vis-à-vis de Taïwan. Il y a quelques mois, la Lituanie avait en effet approuvé l'ouverture d'une représentation de Taipei à Vilnius, provoquant l'ire des Chinois, qui revendiquent la reconnaissance de la 'politique d'une seule Chine'. La Lituanie avait demandé l'aide de Bruxelles, mais en vertu du droit en vigueur, l'UE ne peut recourir qu'aux mesures de rétorsion prévues par l'OMC. Or cet arsenal est de moins en moins adapté aux comportements agressifs de différents pays. C'est pourquoi la Commission a annoncé mercredi qu'elle entendait se doter de nouveaux outils : la capacité de réagir à la coercition économique.»