Le prix Sakharov décerné à Navalny
La fille d'Alexeï Navalny, Daria, a reçu le prix Sakharov au nom de son père au Parlement européen et critiqué ceux qui privilégiaient une approche politique pragmatique avec Poutine et Loukachenko. Le président du Parlement, David Sassoli, a salué le courage de Navalny et exigé sa libération immédiate. Depuis 1988, le prix Sakharov est décerné à des personnalités qui s'engagent en faveur de la défense des droits humains.
L'isolement des démocrates russes
Les prix symboliques et les belles paroles s'avèrent insuffisants, selon ABC :
«La remise de ce prix coïncide avec la dissolution de l'ONG Memorial, fondée en 1989 par Andreï Sakharov et persécutée par le Kremlin, et avec l'annonce par l'UE d'un soutien moral aux pays vivant sous la menace de l'impérialisme russe. … Aux démocrates russes, qui subissent l'isolement et la répression, la bureaucratie bruxelloise n'a rien d'autre à proposer qu'une approche automatique et pavlovienne, sous la forme de condamnations, de sanctions et de réprimandes. … L'effet de cette politique est quasi nul, aussi bien pour Poutine que pour les démocrates concernés. C'est pourtant sur les épaules de ces derniers que repose l'unique espoir de changement en Russie et dans la sphère d'influence russe.»
Différences et similitudes
Ekho Moskvy compare le parcours du lauréat 2021 à Andreï Sakharov :
«Navalny n'a jamais rédigé de manifestes ou de concepts, et il n'a jamais versé dans la sentimentalité. Et pourtant, son nom est aujourd'hui synonyme de courage et d'une témérité, au risque d'y laisser sa vie. Une attitude qui rappelle celle de Sakharov et sa grève de la faim. Les égéries de la liberté peuvent avoir des visages bien différents : un vieillard courbé, traînant la patte, ayant du mal à parler, ou un jeune homme sémillant, débordant d'énergie et de vigueur, à l'éloquence d'un tribun. Dans les deux cas, les régimes dénoncés se ressemblent étonnamment : l'URSS de Brejnev et la Russie de Poutine sont aussi déprimantes l'une que l'autre, elles se recroquevillent sur elles-mêmes, se cherchent partout des ennemis, souffrent de sclérose généralisée avec des armées pléthoriques et des économies allant à vau-l'eau.»
La civilisation de la brutalité
La récompense de Navalny tombe à point nommé, pointe Postimees :
«Au moment même où cette distinction est attribuée à Navalny, nous sommes les témoins de deux nouvelles vagues de répression contre les droits de l'homme : en Russie, l'organisation de défense des droits de l'homme Memorial est visée par un procès visant son interdiction. Au Bélarus, la justice qui bataille contre l'opposition a condamné le mari de l'opposante exilée Svetlana Tikhanovskaïa. Sergueï Tikhanovski a écopé d'une peine de 18 ans de prison. Autant de signes qu'à l'est de nos frontières, une civilisation de la brutalité est en train de se bâtir. Les gens ont le choix : accepter cette brutalité ou la subir dans leur chair.»