Roumanie : peine de prison contre une ex-ministre
L'ex-ministre roumaine du Tourisme, Elena Udrea, qui comptait parmi les politiques les plus influents du pays, a été jugée coupable de corruption par la Cour suprême et condamnée à six ans de prison. En 2012, elle avait organisé un gala de boxe aux frais de l'Etat afin d'améliorer son image publique. Udrea, qui a tenté de quitter le pays juste avant l'annonce du verdict, a été arrêtée à la frontière bulgare.
La primauté donnée au droit européen
Dans son verdict, la Cour suprême a privilégié le droit européen par rapport au droit national, faisant fi d'une décision de la Cour constitutionnelle roumaine. Pour le journaliste Dan Tapalaga sur le portail G4Media.ro, il s'agit d'un précédent important :
«Dans l'affaire Udrea, la Cour constitutionnelle roumaine avait décidé que la composition du tribunal, faite de cinq juges, était contraire au droit. La Cour suprême a toutefois ignoré ce verdict et donné la priorité au droit de l'UE. Il s'agit d'un précédent important, d'un jalon majeur pour la mise en application de la décision de la CJUE [de décembre 2021]. D'autant plus que certains juges s'exposent désormais à des procédures disciplinaires pour avoir privilégié le droit de l'UE.»
Y a-t-il eu une fuite judiciaire ?
Ioana Ene Dogioiu, chroniqueuse à Spotmedia, s'étonne qu'Udrea ait pris la fuite aussi vite :
«Il y a quelques jours encore, la situation paraissait favorable à Udrea judiciairement parlant, de telle sorte qu'elle pouvait espérer obtenir l'annulation du verdict relatif au gala de boxe. ... On peut désormais se demander pourquoi Udrea a subitement décidé de quitter le lieu où elle se trouvait quelques heures avant le verdict ; et ce alors qu'elle pensait que celui-ci serait reporté, même si ce n'était pas à son avantage. Un pressentiment ? Ou bien des informations confidentielles ont-elles filtré ? Je crois que l'Etat roumain est désormais dans l'obligation de faire la lumière sur cette affaire, car ce précédent pourrait s'avérer extrêmement grave.»