Gel des prix des carburant en Hongrie : est-ce viable ?
Avant les législatives, le gouvernement hongrois avait gelé les prix des carburants dans le pays. Depuis la semaine dernière, seuls les automobilistes immatriculés en Hongrie peuvent bénéficier de ces prix bloqués - les conducteurs étrangers doivent s'acquitter d'un prix plus élevé. Les chroniqueurs y voient un dispositif problématique, à plusieurs égards.
Mieux cibler les aides
Népszava y voit une solution inique :
«Le propriétaire d'une voiture de petite cylindrée perçoit une maigre subvention, tandis qu'un entrepreneur millionnaire recevra pour son SUV une somme bien plus importante, alors qu'il n'a pas du tout besoin de cette aide. Ceux qui ont les moyens d'avoir un véhicule à forte consommation doivent le financer eux-mêmes. Du reste, beaucoup de citoyens sont obligés de prendre le volant pour gagner leur vie : sans voiture, point de travail. Au cours des trois derniers mois, le gouvernement aurait dû élaborer une forme de soutien pour cette catégorie de personnes.»
Intenable économiquement
Le gel des prix génère des problèmes en Hongrie, explique Cătălin Striblea sur son blog :
«A l'exception du groupe Mol, contrôlé par l'Etat, les autres entreprises pétrolières ont refusé de distribuer du carburant sur le marché, car elles l'auraient fait à perte - il est ici question d'OMV et de Shell. MOL a donc dû s'employer à couvrir l'ensemble du système avec sa propre logistique de distribution, mais cette couverture s'est limitée à 66 pour cent du territoire. Ainsi, certaines stations-essences se sont retrouvés à sec dans certaines régions pendant un temps. ... MOL affirme être capable de tenir le choc, car par sa taille, il serait en mesure de capter une partie des recettes des autres acteurs du marché. Il lui est néanmoins difficile de rémunérer son personnel.»
Une mesure provisoire, donc acceptable
Un conflit juridique entre Budapest et Bruxelles est peu probable, estime le service hongrois d'Euronews :
«Dans un entretien accordé à Inforadio, le ministre de la Chancellerie, Gergely Gulyás, a reconnu que l'élément le plus litigieux du programme d'ajustement budgétaire était les deux tarifs différents pratiqués pour l'essence. Il estime toutefois que le gouvernement dispose de 'bons arguments' pour l'étayer. Si le gouvernement hongrois entendait préserver cette double-indication des prix, l'abolition de cette mesure par les institutions européennes prendrait plusieurs années. Cela paraît improbable, notamment parce qu'il s'agit d'une mesure conçue pour être provisoire.»