Jubilé d'Elisabeth II : que les Britanniques doivent-ils à la reine ?
Pendant quatre jours, les Britanniques ont célébré leur reine : affaiblie et absente de la plupart des festivités données en l'honneur de ses 70 ans de règne, Elisabeth II est apparue dimanche au balcon de Buckingham Palace pour saluer les centaines de milliers de personnes venues lui rendre hommage. Un enthousiasme qui n'est pas partagé par tous.
Un cocktail dangereux
Le Royaume-Uni n'a pas grand-chose à célébrer, juge La Vanguardia :
«Le FMI prévient que le Royaume-Uni enregistrera cette année la croissance la plus faible et l'inflation la plus élevée parmi les grandes économies avancées. ... Le gouvernement convulsif et désordonné du Premier ministre conservateur Boris Johnson, qui connaît ses plus grosses difficultés depuis son élection, reflète l'évolution d'une économie qui semble avoir perdu le nord. ... Pandémie, Ukraine, Johnson et Brexit : un cocktail qui constitue une 'tempête parfaite' pour l'économie britannique, même si dans le pays, par fierté nationale et en plein jubilé royal, personne ne veut reconnaître les répercussions du quatrième facteur.»
La monarchie reste une institution majeure
Le principal mérite de la reine, c'est de ne pas être moins populaire aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 70 ans, analyse Dnevnik :
«Au cours de ses 70 ans de règne, la reine a été confrontée à d'innombrables changements, mais elle a toujours su faire valoir l'adage : 'Plus les choses changent, plus elles sont immuables'. La famille royale reste l'héritage ultraprivilégié du féodalisme, et la monarchie une institution clé, intacte, qui unit les Britanniques plus qu'aucune autre. Notamment parce qu'au cours des deux dernières décennies, d'autres institutions clés - des médias à la police en passant par le Parlement et le Downing Street de Boris Johnson - ont été décrédibilisées.»
Célébrer tant que c'est encore possible
Ce jubilé pourrait avoir été la dernière festivité de ce type pour la reine, juge Tages-Anzeiger :
«Alors que ses forces semblent l'abandonner, la reine suscite engouement et reconnaissance - ce qu'elle ne doit qu'à elle-même. Nombre de ceux qui la célèbrent aujourd'hui craignent du reste que son règne ne soit suivi par une période bien plus délicate pour la monarchie et ses partisans. ... La popularité de la reine est nettement plus forte que celle de l'institution qu'elle représente. Les royalistes enthousiastes préfèrent ne pas en parler. Mieux vaut célébrer tant que c'est encore possible...»
Elizabeth a renforcé le royaume
La reine réunit le peuple, croit savoir The Daily Telegraph :
«Le peuple a besoin de tels événements [comme le jubilé] pour nourrir un sentiment d'appartenance qui dépasse la famille, le voisinage et la région. Le fait que celui-ci soit lié à la reine, au lieu d'un concept vague de nationalité, le rend plus personnel. Il s'agit d'une relation qui ne pourrait jamais exister entre des citoyens et leurs responsables politiques. ... Toutes les mutations sociales au cours de son règne n'ont jamais ébranlé la foi dans les bénéfices de la monarchie. ... Tout au contraire : grâce à l'engagement de Sa Majesté la Reine, celle-ci est restée incontestablement au cœur de notre communauté nationale.»
Une monarchie lénifiante
Il ne faut pas confondre respect pour cette reine en particulier et approbation de la monarchie dans l'absolu, rappelle The Guardian :
«Impossible de douter de l'admiration et de l'affection du public pour la personne de la reine. Elle continue d'incarner le faste, même à l'heure où le Premier ministre met en charpie la dignité nationale. Elle a su diriger habilement une entreprise familiale, avec tous ses imprévus, pendant pas moins de 70 années de changements et de tumultes. ... Profitez du faste et du spectacle aujourd'hui, mais n'oubliez pas l'influence infantilisante pour la conscience politique des britanniques que de voir des bébés nés pour régner.»
Une ambassadrice de la paix
La visite de la reine Elizabeth en Irlande en l'an 2011 a été le couronnement de ses efforts entrepris pendant des décennies en faveur de la réconciliation dans le pays, se souvient The Irish Times :
«Il faut reconnaître le rôle positif joué par la famille royale pour apporter la paix sur l'île et améliorer les relations entre les peuples des deux pays. L'approche de la reine contraste nettement avec celle du Premier ministre Boris Johnson et de certains de ses collègues, qui semblent non seulement indifférents aux conséquences de leur politique pour le Nord et le Sud de l'Irlande, mais s'emploient à semer la zizanie afin de poursuivre leurs propres objectifs politiques.»